Traduit par: Elisabeth Mazaltov
Edité par: Hélène B. et Elisabeth Mazaltov
LES DETAILS
Chapitre 8
Je
m’assieds et retire le préservatif que je jette dans la poubelle. Je me tourne
vers Anastasia qui me regarde moitié surprise-moitié horrifiée par l’arrivée de
ma mère. Je devine qu’elle s’inquiète de ce que ma mère pourra penser d’elle en
la trouvant couchée dans mon lit.
Je lui
fais un petit sourire moqueur, « Debout bébé, il faut qu’on s’habille, tu
vas faire la connaissance de ma mère. » Je sors du lit et enfile mon jean
à même la peau. Anastasia est toujours au lit, ses mains entravées. Elle essaye
de bouger ce qui est malcommode. Elle renonce et m’interpelle, elle est
manifestement embarrassée: « Christian, je ne peux pas bouger… »
Je
souris en lui déliant les mains, bien que j’eusse aimé jouer avec elle un peu
plus longtemps.
Ce
n’est sans doute que partie remise… J’aime cette image d’elle attachée dans mon
lit et à ma merci. C’est chaud bouillant ! Comme elle a lutté pour essayer
de me toucher, la cravate a imprimé des marques sur ses poignets.
C’est
sexy en diable à regarder et ça m‘excite. Merde ! Je ne vais quand même pas
bander juste avant d’aller voir ma mère pour lui présenter la fille qui partage
mon lit.
Je lui
fais un bisou et je ferme les yeux.
Je
n’ai pas le temps de la baiser… surtout pas avec ma mère qui attend dans le
salon. Je n’ai jamais essayé de présenter une femme à un membre de ma famille
mais elle, elle connait déjà mon frère et maintenant elle va rencontrer ma
mère. J’ai envie de présenter Anastasia. C’est bizarre, j’éprouve une sorte de
fierté à le faire. Ce n’est pas uniquement parce que je l’ai conquise, il y a
autre chose. De toute façon, je l’ai possédée de toutes les manières possibles.
En la présentant je me l’approprie encore un peu plus. Je reconnais que j’aime
cette idée « Encore une première. »
D’un doigt je pointe les tiroirs et je lui dis qu’elle y trouvera des
vêtements propres qu’elle peut utiliser. Elle regarde en tous sens, elle est
paniquée. Comme je suis le premier homme dans sa vie, je sais qu’elle n’a
jamais été présentée à la mère de quiconque en qualité de petite amie.
« Peut
être que je pourrais rester ici » dit-elle complètement cramoisie. Elle ne
se remet pas de la frousse qu’elle a eue à l’idée de voir ma mère surgir dans
la chambre.
« Oh
non, tu ne restes pas dans la chambre, tu cherches dans les tiroirs et tu
enfiles quelque chose. »
Je
mets un tee-shirt blanc et passe mes doigts dans mes cheveux en pétard. Je suis
prêt mais je veux qu’Anastasia vienne aussi. J’ai une irrésistible envie de la
montrer, de l’exhiber à mon bras. Je hoche la tête à cette pensée. De son côté
Anastasia est toujours assise sur le lit avec un air de lapin effrayé.
Gentiment
je lui dis « Bébé tu pourrais mettre un sac à patates tu serais ravissante
quand même ! Enfile un de mes tee-shirts, tu as 5 minutes » j’ajoute d’un ton menaçant « Si tu n’es
pas là dans 5 minutes je viens te chercher même si tu es à poil. » Elle
plisse les yeux. Je lui désigne le tiroir dans lequel j’ai pris mon tee-shirt et
je lui dis que les chemises sont dans le dressing. Je lui montre les 5 doigts
de ma main droite pour lui rappeler
qu’elle a 5 minutes. C’est un avertissement.
Bon
sang, je tiens vraiment à ce qu’elle rencontre ma mère. Je lui jette un dernier
regard, j’ai envie de lui sauter dessus. Putain c’est chaud ! Au lieu de
cela je lui adresse un sourire plein de tendresse.
Comme
Madame Grey attend dans le salon, le mieux est d’y aller au plus vite.
Ma
mère est debout avec Taylor. Quand elle me voit, je distingue une lueur de
curiosité dans ses yeux.
Je
dépose un rapide baiser sur sa joue. On ne se touche pas. Elle sait que je
n’aime pas qu’on me touche et elle ne l’a jamais fait depuis mon enfance.
« Bonjour
Maman »
« Bonjour
Christian. » Elle semble mal à l ‘aise et je devine pourquoi. Elle
pense qu’il y a un type dans mon lit. Comme elle me connait mal quand il s’agit
de ma vie privée ! Elle tente de garder un air naturel. «Je ne t’ai pas vu
depuis 2 semaines et je commençais à me faire du souci. J’ai donc décidé de
passer voir si tu avais envie que l’on déjeune ensemble. »
« Merci
Maman, j’aurais aimé mais j’ai d’autres choses de prévues aujourd’hui, j’ai de
la visite ». Je vois que sa curiosité est piquée à vif. C’est une personne
bien éduquée, elle attend donc que je parle.
Ma
mère est une femme très élégante, elle est vêtue d’une robe couleur camel avec
les chaussures assorties. Elle est impeccablement manucurée, comme toujours.
Elle est légèrement maquillée et ses cheveux sont relevés en un élégant
chignon. On dirait qu’elle sort d’un institut de beauté.
« Il
y a quelqu’un d’important qui est ici avec moi. » J’observe ma mère
attentivement, scrutant sa réaction. « Je vais te la présenter, elle sera
là dans quelques instants. » Je l’accompagne jusqu’au canapé.
La
réaction de ma mère est instantanée, elle se tourne vers moi les yeux
écarquillés elle crie presque: « Elle ? »
Voilà
c’est bien ce que je pensais, elle me croyait PD.
Je
suis impatient de lui donner tort, j’ai hâte de voir sa tête quand elle
découvrira Anastasia.
A
point nommé, la voici qui sort de la chambre, portant son tee-shirt de la
veille, son jean et ses converse. Sa veste recouvre ses poignets cachant les
marques laissées par ma cravate. Elle est futée ! Ses cheveux sont en bataille
bien qu’elle les ait attaché en queue de cheval, on devine aisément qu’elle
était en train de baiser. J’adore ! De toute façon, je suis content de la
présenter à ma mère, c’est une façon supplémentaire de me l’approprier.
En la
voyant arriver, tout mon être la désire, je me lève pour aller au devant
d’elle, « La voici » dis-je en m’adressant à ma mère, ma voix est
étrangement teintée de fierté et ça se reflète dans le chaleureux sourire que
j’adresse à Anastasia. Mon Dieu qu’elle est jolie ! Comment pourrais-je un jour
me lasser d’elle ?
Ma
mère tourne la tête en direction de la chambre. Je peux voir une lueur de
satisfaction dans ses yeux. Mais j’y vois aussi un certain soulagement. Elle a
du penser que je resterai seul toute ma vie. Si elle savait ! Lorsqu’Anastasia
se rapproche de moi je lui prends la main et passe mon bras dans son dos pour
la tenir serrée contre moi. Ma mère n’en loupe pas une miette et je la sais
surexcitée à l’idée de raconter tout ça au reste de la famille. Elliott n’a pas
été voir mes parents sinon il leur aurait parlé d’Ana et moi. Cette pensée
m’émeut, « Ana et moi » ça veut dire « nous.» Au
fond de moi je jubile, puis je me tourne vers ma mère pour faire les
présentations dans les formes.
« Maman
je te présente Anastasia Steele. Anastasia, je te présente ma mère, Grace
Trevelyan-Grey. »
Ma mère
tend sa main vers Anastasia et se comporte comme n’importe quelle mère à
laquelle son fils présente sa première petite copine en disant « Quel
plaisir de vous rencontrer Anastasia ! » c’est un véritable cri du cœur.
En fait, elle rayonne de fierté comme une jeune mère dont le bébé vient de
prononcer son premier mot ou de faire son premier pas. D’une certaine manière
c’est un peu mon premier pas. C’est la première fois qu’elle rencontre une
femme qui est dans ma vie et dont j’espère qu’elle va y rester.
La
première fois !
Il y
aurait beaucoup à dire à ce sujet et sa réaction me rend profondément heureux,
mais je ne laisse rien paraître.
Anastasia
la salue timidement : « Dr. Trevelyan-Grey. » Ma mère semble
stupéfiée par cette beauté timide. Elle s’attendait à quoi ? Sans doute à un
petit copain volubile et haut en couleur. Ca lui apprendra !
Ce
qu’elle voit c’est une jeune femme d’une grande beauté, calme et timide et le
Dr Grey est plus qu’enchantée de la rencontrer.
A mon
grand étonnement, ma mère qui est toujours très réservée lui
dit: « Je vous en prie, appelez moi Grace. » Je fronce les
sourcils. Elle n’a jamais autorisé une nouvelle connaissance à l’appeler par
son prénom. Non pas que ce soit une personne froide, mais elle est toujours
très professionnelle et un peu distante. Puis elle ajoute: « Je suis le Dr
Trevelyan pour mes patients, et c’est ma belle mère qu’on appelle Madame Grey.
Je suis Grace pour mes amis. » Son visage rayonne d’un large sourire et
elle fait un clin d’œil, à Anastasia ! Comment fait-elle pour séduire tous ceux
qu’elle rencontre ?
Puis
ma mère, incapable de contenir sa curiosité nous demande : « Comment vous
êtes vous rencontrés tous les deux ? »
« Oh…
Maman ! Anastasia est venue m’interviewer pour le journal de l’université.
C’est comme cela que nous nous sommes rencontrés. Je dois remettre les diplômes
cette semaine. »
Ma
mère s’adresse à Anastasia « Allez vous être diplômée ? » Anastasia
répond par l’affirmative d’une voix douce. Son téléphone sonne et elle s’excuse
avant de répondre. Je la regarde fixement en contenant difficilement ma
jalousie. Qui l’appelle ? Je l’entends dire « Kate ? ». Elle part
s’isoler mais j’ai le temps d’entendre distinctement « Ecoute José, ce
n’est pas le bon moment. »
Putain
! C’est l’apprenti violeur qui lui téléphone. Pourquoi il ne lui fout pas la
paix ? Ma mère me parle mais je ne l’écoute pas. Mon esprit carbure à fond de
train. Ana va sur la terrasse, et j’observe chacun de ses mouvements tel un
fauve guettant sa proie, les yeux plissés.
« Christian
? »
« Je
suis désolé Maman. Tu disais ? »
« Elle
est superbe ! Elle me plait beaucoup ! » Elle est enthousiaste, cela me
distrait un instant car jamais je n’ai vu ma mère se lâcher comme ça. Je lui
adresse un sourire triste.
« Merci »
dis-je en continuant à scruter Anastasia toujours au téléphone. Elle va
m’entendre, je vais lui faire comprendre que je ne suis pas du genre à
partager. Je ne veux pas qu’elle voit d’autres mecs. Elle est à moi et à
personne d’autre. Elle est à moi ! Elle doit être à moi ! Mon Dieu, je crève de
jalousie. Tout ce que je veux c’est que ma mère s’en aille pour baiser
Anastasia. Comme ça elle saura à qui elle appartient. Elle est à moi.
Elle
va lui parler longtemps comme ça ? Raccroche tout de suite ! Putain ! Je
ne tourne pas rond !
Quand
finalement la conversation s’achève, je soupire de soulagement, je ne la quitte
toujours pas des yeux. Elle revient vers moi, ma mère est en train de raconter
un truc à propos d’Elliot.
« …
Quoi qu’il en soit, Elliot a téléphoné pour dire que tu étais dans le coin… Je
ne t’ai pas vu depuis deux semaines chéri. »
Elliot
a téléphoné. Hmmm ! Lui aurait-il parlé d’Anastasia ? Est-ce pour cela qu’elle
est venue ?
« Vraiment
? » dis-je en admirant Anastasia. Mon visage est de marbre, parfaitement
impassible.
Ma
mère poursuit: « Comme je te le disais tout à l’heure, je voulais te proposer de
déjeuner avec moi mais je pense que vous avez d’autre projets, » elle
sourit. « Je ne veux pas contrarier vos plans. » tout en parlant elle
attrape son manteau et semble prête à partir, toujours souriante elle me tend
sa joue pour que je l’embrasse. Je lui donne un petit bisou rapide.
« J’ai
été content de te voir Maman, mais je dois raccompagner Anastasia à
Portland. »
« Bien
sûr chéri » dit-elle en se tournant vers Ana sans cacher son enthousiasme
et sa satisfaction, « Anastasia ça a été un réel plaisir de faire votre
connaissance, j’espère vous revoir bientôt ! ». Puis elle lui tend
chaleureusement une main dont Anastasia
se saisit timidement.
Taylor
arrive sachant que ma mère va partir, il la raccompagne à la porte, elle le
remercie poliment. Dès qu’elle n’est plus à portée d’oreille je me tourne vers
Anastasia et lui adresse un regard furieux.
« Alors
le photographe a téléphoné ? »
Elle
semble un peu effrayée. « Oui » dit-elle à voix basse.
« Qu’est-ce
qu’il te voulait ? » j’adopte un ton distant. Si ce connard était là je
lui donnerais une leçon qu’il ne serait pas prêt d’oublier.
I'll be Watching You - The Police
« Il voulait s’excuser, tu sais…pour vendredi. »
« Je
vois. » As t’elle accepté ses excuses ? Bien sûr qu’elle les a
acceptées ! Et voilà, il s’excuse et elle pardonne et à nouveau ça roule ma
poule avec l’apprenti violeur !.
Je
tente de mettre de l’ordre dans mes pensées afin de lui poser d’autres
questions. C’est à ce moment que Taylor revient et me dit qu’il y a un problème
avec la livraison pour le Darfour. Il fait un signe de tête à Anastasia. Elle
répond d’un sourire. Ma jalousie pointe encore le bout de son nez. Je ne veux
pas qu’elle sourit à tous les types qu’elle rencontre. Même si c’est juste une
question de politesse élémentaire. Elle ne voit donc pas qu’elle
m’appartient ? Merde ! Pas encore. Mais il faut qu’elle le sache. C’est
pour cela que je veux qu’elle signe le contrat. Comme ça elle n’aura pas besoin
de penser par elle-même. Elle n’aura qu’à faire ce que je lui dirai et à suivre
mes instructions. Et je ne serai plus contrarié.
Elle
me sort de mes pensées en me demandant : « Est-ce que Taylor habite ici ? »
« Oui. »
je réponds d’un ton sec. Elle me regarde interloquée. Je vais m’occuper d’elle
dans une minute. Dans l’immédiat je dois régler l’affaire du Darfour. Je prends
mon Blackberry sur le comptoir de la cuisine et téléphone à Ros mon bras droit.
« Ros, quel est le problème ? »
Elle
m’explique que le problème du chargement de
nourriture vient des chefs de guerre qui sont connus pour détourner les
convois mettant en danger à la fois les équipages américaines et les
intervenants locaux. J’écoute Ros tout en regardant fixement Anastasia. Il va
falloir que je la baise pour lui rappeler à qui elle appartient. Elle semble
désolée et perdue. Elle a l’air si petite dans cette grande pièce. Elle baisse
de nouveau les yeux en triturant nerveusement ses mains.
J’écoute
distraitement Ros, car mon esprit est essentiellement occupé à regarder et à
penser à Anastasia. Puis Ros me demande « Quels sont vos ordres Monsieur
Grey ? » m’obligeant à reprendre mes esprits.
« Je
ne veux pas faire courir le moindre risque à l’équipage. »
« Voulez
vous qu’ils essayent un autre itinéraire ? »
« Non,
on annule l‘opération… pour le moment, on va parachuter la cargaison… »
« Comme
vous voulez Monsieur. »
« Bien. »
je coupe l’appel sans avoir quitté Anastasia des yeux ne serait-ce qu’une
seconde.
Les
quelques minutes passées au téléphone à régler un autre problème ne m’ont pas
aidé à me calmer, je suis toujours en colère. Si Anastasia avait signé le
contrat elle aurait été immédiatement punie pour avoir reçu un appel du
salopard. Mais elle ne l’a pas fait. Il faut donc qu’elle lise le contrat au
plus vite. Je la regarde puis je vais dans mon bureau. J’en ressors avec un
exemplaire imprimé que je lui tends vertement.
« Voici
le contrat, je veux que tu le lises. On en discutera le week-end prochain. Je
te suggère de te documenter pour mieux comprendre ce que cela implique. »
Je reprends ma respiration. « Si tu acceptes, » je hoche la
tête, mais l’angoisse me tenaille à l’idée qu’elle puisse refuser, mon regard
s’adoucit et, lorsque je poursuis, ma voix est devenue suppliante,
« j’espère vraiment que tu vas accepter Anastasia… »
« Me
documenter ? Mais comment ? » demande-t’elle.
« Tu
peux trouver un tas d’informations sur le net. » Soudain son visage
s’assombrit. Elle ne veut pas de notre accord ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
L’expression de son visage me contrarie. Elle me trouve trop autoritaire et
elle va refuser.
« Qu’est-ce
qui ne va pas ? »
« Je
n’ai pas d’ordinateur. Je vais demander à Kate si elle peut me prêter son
portable. »
C’est
un problème que je peux facilement régler. Je lui tends la grande enveloppe
contenant le contrat. Connaissant sa réticence à recevoir des cadeaux je lui
dis : « Je peux t’en prêter un. Prends tes affaires, je te raccompagne à
Portland, on s’arrêtera pour manger quelque chose sur la route. Maintenant
excuse moi je vais me préparer.»
Elle
murmure: « Je vais passer un coup de fil. » Je fronce les sourcils.
Est-ce qu’elle va l’appeler ? Je dois le savoir. La mâchoire serrée je demande :
« Au photographe ? »
Elle
cligne des yeux et semble ennuyée.
J‘ajoute
avec fermeté « Souvenez vous d’une chose Miss Steele, JE. NE. PARTAGE. PAS.»
Elle
est stupéfaite, son regard semble dire : « C’est quoi ton problème ? »
Je reste immobile.
« Ne
l’oublie pas » ma voix est menaçante. Je la laisse plantée au milieu du
salon, bouche bée, tétanisée par mon accès de colère. De retour dans ma
chambre, je mets quelques vêtements dans mon sac de voyage car je vais rester à
Portland jusqu’à la cérémonie de remise des diplômes. Je me change rapidement,
je ne décolère pas. J’attrape mon sac et retourne dans le salon.
Mon
esprit est toujours sous le choc. Elle n’a pas encore signé. Si elle l’avait
fait j‘aurais la main mise sur la situation. Mais là je n’ai aucun contrôle sur
elle. Je suis en pétard mais je fais de mon mieux pour rester poli. Elle n’a
pas bougé d’un pouce, immobile. Ce sentiment de n’avoir aucun pouvoir ni sur
elle ni sur sa vie me met atrocement mal à l’aise. Je veux qu’elle connaisse
mes règles, qu’elle les apprenne et qu’elle s’y conforme. Si elle sort des
lignes comme elle l’a fait aujourd’hui en parlant à l’autre enculé, je pourrai
corriger son comportement en la punissant pour ma plus grande satisfaction.
Comme ça elle apprendra à respecter mes règles.
Je
suis devant la porte et je lui jette un coup d’œil. « Prête ? ». Elle
hoche la tête hésitante et le regard fuyant. J’ai mis mon blouson en cuir et un
jean ample. Je vois qu’elle m’observe. J’approuve. Elle soupire doucement. Je
me suis calmé mais je n’en montre rien. Elle fronce les sourcils.
« A
demain » dis-je à Taylor qui doit venir me retrouver à Portland.
« Oui
monsieur. Quel véhicule prenez-vous ? »
« La R 8 »
« Bon
voyage Monsieur Grey. Mademoiselle Steele, »
Taylor
a une façon étrange de regarder Anastasia, ce qui me chiffonne. Sans doute s’en
est-il lui aussi entiché en un rien de temps. Il est difficile de ne pas
l’aimer. Connaissant mes goûts déviants, il doit avoir son opinion sur mon
style de vie mais je me fous de ce qu’il pense. Il fait partie de mon
personnel. Je suis son patron. Il est à mon service depuis 4 ans. Il sait à
quoi sert ma salle de jeux, et il a connu presque toutes mes soumises. Mais il
sait aussi que les relations entre un dominant et une soumise relèvent d’un
choix librement consenti. Je me sens coupable qu’il n’en soit pas de même pour
Anastasia. Elle n’a jamais eu de vie sexuelle avant moi et encore moins des
relations comme celles qui m’intéressent.
Taylor
nous ouvre la porte le visage impassible. J’appelle l’ascenseur. Anastasia est
pensive. Elle est en train de ruminer quelque chose. Depuis deux jours, j’ai
appris à connaître cet aspect de sa personnalité. C’est une contemplative.
Mais
je ne peux pas la laisser cogiter comme ça puis décider de me quitter sans
avoir mon mot à dire. Il faut qu’on discute. Je veux tellement que ça marche.
J’en ai besoin… Jamais dans ma vie je n’ai autant désiré quelque chose,
c’est un besoin vital ! Et puis
il y a toutes ces émotions inconnues qui s’emparent de mon corps et de mon
esprit… Ce que je sais c’est que je la veux éperdument. Je ne peux pas rester
dans l’expectative et demande : « Qu’est ce qu’il y a
Anastasia ? A quoi
penses- tu ? »
Elle
semble étonnée que je sache qu’elle rumine quelque chose. Woah ! Cette
lèvre délicieuse est de nouveau prisonnière de ses dents. Je soupire et attrape
son menton pour libérer sa lèvre.
« Arrête
de mordiller cette lèvre Anastasia ou je vais te baiser dans l’ascenseur et peu
importe si on nous voit ! »
Tonight - Enrique Iglesias
Elle
rougit violemment. Pourquoi sa réaction est elle aussi bandante ?
Elle
semble soudain plus jeune, plus innocente. Je sens que je m’attache encore plus
à elle. Un regard, un rougissement et elle peut faire changer mon humeur qui
passe du désespoir le plus profond à l’euphorie.
Santana - Black Magic Woman
C’est
une ravissante petite sorcière. Je suis en admiration devant elle ! Elle
se décide à parler de ce qui la tracasse: « Christian, j’ai un
problème.”
Un
problème ? Je suis tout ouïe. Quel genre de problème ? « Oh ? »
je retiens ma respiration.
Quand
l’ascenseur arrive je la laisse passer la première, attendant toujours qu’elle
me dise quel est son problème. Pendant la descente vers le rez-de-chaussée, je
l’incite à parler. « S’il te plaît, poursuis. »
« Euh…
Et bien, voilà… » Elle s’interrompt et scrute ses mains comme si celles-ci
contenaient une recette secrète qui pourrait lui venir en aide. Puis elle
trouve le courage de parler et reprend : « Ecoute, j’ai vraiment
besoin de parler à Kate. J’ai besoin de lui poser des questions à propos du
sexe et tu es trop impliqué, ce n’est pas une bonne idée que je te pose ces
questions. Tu veux que je fasse une liste et que je … je…» Elle
s’interrompt à nouveau, écarlate et cherchant ses mots. Mes yeux sont plongés
dans les siens, attentifs, cherchant à traduire ce qu’elle vient de dire et à
deviner ce qu’elle à omis. Prenant son courage à deux mains, elle
continue : « J’ai simplement besoin de lui parler. Je n’ai
aucune expérience, aucun point de comparaison, et toi tu ne me laisses parler à
personne sauf… enfin sauf à toi, ça ne m’aide pas… ». Elle a l’air
désespérée. « J’ai vraiment besoin de son aide. On pourrait parler entre
filles. Non tu ne vois pas ce que je veux dire. Mais il faut que je lui
parle…S’il te plait. »
Mon
Dieu ! Comment pourrais-je dire non à ce qu’elle demande? Je lève les yeux
au ciel. Si c’est si important que ça ! J’acquiesce.
« D’accord,
tu peux parler avec elle si tu veux. » Franchement il y a des moments ou
elle m’exaspère. Je lui rappelle qu’Elliot sort avec sa colocataire. Elle ne
doit rien raconter à mon frère.
« Kate
ne ferait jamais cela ! D’ailleurs si elle me racontait quelque
chose à propos d’Elliot je ne viendrais
pas en courant te le raconter. » Elle défend sa colocataire, sa meilleure
amie, elle est comme une mère poule avec elle. J’approuve cela, elle est
loyale !
Je
hoche la tête. « Ecoute je me fiche de la vie sexuelle de mon frère, avec
qui et comment il baise. En fait, ce qu’il fait ne m’intéresse pas. En revanche
lui est très curieux de ce que je fais. Mon frère est un putain de bâtard et je
peux t’assurer que ça lui plairait de savoir ce que nous avons fait et ce que
nous pourrions faire. » Je la mets en garde. Puis doucement
j’ajoute : « Si Kate savait ce que je prévois de faire avec toi elle
me couperait les couilles. » Sa coloc est comme moi, déterminée, logique
et casse couilles.
« Ok,
d’accord. » Elle acquiesce en hochant la tête. Sa réponse me fait sourire.
Plus vite elle acceptera de se soumettre, plus tôt je pourrais lui dire quoi
faire au lieu de négocier avec elle ce qui m’exaspère au plus haut point. Je
suis très en colère à présent ! Je veux qu’elle signe ce contrat et
vite !
« Le
mieux serait que tu te soumettes au plus vite, comme ça on pourra arrêter tout
ce cirque. » dis je calmement.
« Quel
cirque ? »
Comment
pourrait-elle ignorer ce qu’elle est en train de faire ? Elle va à l’encontre
de ma volonté alors que je lui ai dit que je veux être le seul à qui elle pose
des questions. Je veux être son prof, son coach. Elle a signé un accord de
confidentialité par lequel elle s’engage à ne parler de rien à personne, et la
voilà maintenant qui veut parler avec sa coloc de choses pour lesquelles elle
s’était engagée à ne rien dire. Elle est énervante. Je soupire.
« Comme
ça tu arrêteras de me défier ! »
Elle
semble perplexe et embarrassée. Je me penche, lui soulève le menton et dépose
un petit baiser sur ses lèvres. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent, nous avons
rejoint le rez-de-chaussée.
Je
prends sa main et nous sortons de l’ascenseur. Je l’entraîne vers ma R8 noire.
« Belle
voiture. » dit-elle sèchement. Est-ce qu’elle se fout de moi ? J’aime
sa façon de plaisanter. Ca me fait quelque chose que je ne peux pas expliquer.
Je souris : « Je sais. » C’est mon autre bébé après
Anastasia bien sûr. Peu importe qu’elle me fasse sortir de mes gonds avec sa
façon de me défier. Ses remarques insouciantes et son comportement innocent me
font du bien. Je me sens différent avec elle. Juste moi, Christian… sans tout
le merdier hérité de mon putain de passé.
We are Young - Fun ft. Jeanelle Monae
Là je
suis juste un jeune homme qui part faire un tour en bagnole avec une jeune
fille. C’est si évident, si simple… Si ordinaire.
J’ai
soudain envie de tout lui faire découvrir. J’ai envie de déposer le monde à ses
pieds. Je lui ouvre la porte côté passager. Elle s’assied et elle s’exclame
« Woah. » trouvant la voiture très basse. Je souris. C’est une
voiture de sport bébé, le centre de gravité est bas pour avoir de la
vitesse. Je me dirige côté conducteur et pénètre dans la voiture.
« C’est
quoi comme voiture ? »
« C’est
une Audi R8 spider. Comme c’est une belle journée on va décapoter. J’ai deux
casquettes de base-ball dans la boite à gants. Peux-tu les sortir s’il te
plaît ? » J’ajoute « tu peux utiliser les lunettes de soleil si
tu veux. » Elle ouvre la boite à gants et prends les casquettes. Je
démarre la voiture, le lecteur MP3 s’allume et diffuse une chanson de Bruce Springsteen.
Quelle
jolie chanson, quelle belle journée et quelle adorable gonzesse.
Je
souris de contentement en disant : ”J’aime Bruce” et je sors la voiture du
garage. C’est une belle matinée de Mai à Seattle. Je suis perdu dans mes
pensées. Je pense à elle, à cette belle femme qui est assise à côté de moi. Si
proche et si éloignée. Que va-t-elle penser des détails du contrat ? Va-t-elle
accepter ? Va-t-elle être effrayée et s’enfuir ? Je secoue la tête à cette
pensée et me concentre sur la chanson de Bruce.
Bruce Springsteen - I'm on Fire
Je
prends la I-5 en
direction de Portland.
Le
vent souffle au dessus de nos têtes. Quand Bruce chante : « Je
peux t’élever… Oh je suis dingue de toi » je me tourne vers Anastasia.
Elle ne peut pas savoir combien cette chanson exprime mes sentiments pour elle.
Moi aussi je me réveille au milieu de la nuit, les draps trempés de sueur à
cause des cauchemars dus à mon passé, exactement comme il le
décrit : « comme si un train me passait dans la tête »
Anastasia n’a-t-elle pas apaisé mon esprit ? Comment pourrais-je la
laisser partir ? Est-ce qu’elle réalise à quel point je la désire ?
Comment
quelqu’un que je viens à peine de rencontrer peut il compter autant pour
moi ? Comment pourrait-elle trouver sa place dans mon monde ténébreux,
elle qui s’est fait une place en moi si vite ? Comment quelqu’un d’aussi
innocent pourrait-elle le faire ? Je suis dingue d’elle. Si seulement elle
savait !
Bon
sang ! Tout ce que j’arrive à faire c’est à la regarder. J’ai besoin
d’elle, je la désire, je suis fou d’elle. Je tends ma main droite et la place
sur son genou en donnant une petite pression douce. Sa réponse est automatique.
Dès qu’on se touche ou qu’on entre en contact par quelque moyen que ce soit, le
courant passe entre nous.
“As-tu
faim ?”
“Pas
vraiment.”
Ca me
déplaît car elle mange vraiment peu. Ca fait partie de mes règles, elle doit
manger suffisamment pour se maintenir en bonne santé. Je lui rappelle qu’elle
doit manger.
« Je
vais te conduire dans un restaurant très sympa près d’Olympia. »
Elle
acquiesce, je lui fais un petit sourire et presse à nouveau son genou pour voir
sa réaction. Sa respiration s’accélère. Elle en veut d’avantage. Je retire ma
main et la repose sur le volant. L’attente c’est la moitié du plaisir. Le
plaisir sexuel en est amplifié. C’est aussi un excellent moyen de contrôle. Un
de ceux que je maîtrise parfaitement bien.
J’appuie
sur l’accélérateur et fonce sur l’autoroute. Anastasia me jette un regard
affamé d’autre chose. Nous arrivons au restaurant. C’est un endroit charmant
assez rustique dont les chaises et les nappes sont dépareillées. La nourriture
y est bonne bien qu’aussi simple que le décor.
« Quel
genre de plats servent-ils ici? » me demande t’elle méfiante.
« Oh
ça dépend de la pêche et de la cueillette du jour. Mais c’est bon. » Je
m’amuse à faire une grimace de dégoût ce qui la fait éclater de rire. Son rire
est si beau, si insouciant, si jeune. Je l’adore! La serveuse vient pour
prendre la commande des boissons. Elle cache ses yeux derrière sa longue frange
blonde tout en essayant d’attirer mon attention. Je ne la regarde même pas. En
revanche, Anastasia scrute à la fois son manège et mon attitude. J’approuve !
Elle est jalouse et ça me fait quelque chose. D’ailleurs je sens un début
d’agitation dans mon jean.
Sachant
qu’Anastasia ne connait pas grand-chose en vin je commande deux verres de Pinot
Gris, mais elle pince ses lèvres comme si elle désapprouvait ce choix. Je suis
désappointé. Je m’y connais en vin et elle pas du tout. Sans même réfléchir je
crie « Quoi ? »
Elle sursaute,
baisse les yeux, elle semble peinée, «Je voulais un coca light »
murmure t’elle.
Non,
ce n’est pas un choix judicieux. D’abord ça contient de la saccharine qui donne
le cancer. Ensuite mon choix de vin est très convenable et ça va avec tout ce
qu’on peut manger ici. Je le lui explique. Elle acquiesce.
« Tu
as plu à ma mère, » lui dis-je en changeant de sujet. Elle a l’air étonnée
de l’apprendre.
« Vraiment
? » son visage s’empourpre. Elle du mal à accepter les compliments, même
quand elle les mérite.
« Oui. »
je souris, « ma mère a toujours pensé que j’étais gay, et je pense qu’elle
s’attendait à voir sortir un type de ma chambre. Elle fronce les sourcils.
« Mais
bon sang pourquoi ta propre mère pensait-elle que tu étais gay ? » elle
semble abasourdie.
« Parce
qu’elle ne m’a jamais vu avec une fille. »
Elle
redresse la tête : « Aucune des quinze ? »
Je
souris. Elle se souvient du nombre, elle était sacrément attentive.
« Non,
aucune des quinze. C’est une première. Tu es la toute première qu’elle rencontre.
Tu sais Ana, cette semaine a été celle de beaucoup de premières pour
moi. » Intérieurement je me demande ce que toutes ces premières peuvent
bien signifier.
En
toute innocence elle s’exclame : «Vraiment ! »
« Oui,
tu es la première avec qui j’ai dormi. Tu vois ce que je veux dire, vraiment
dormir et pas autre chose, » en souriant j’ajoute : « la
première avec qui j’ai fait l’amour dans mon lit, » et pris d’un
irrésistible désir pour elle je poursuis : « la première qui a
voyagé à bord de charlie tango, la première que j’aie présentée à ma mère.
Qu’est ce que tu me fais ? Tu m’as complètement ensorcelé ! »
Je suis désarmé. Pourrais-je seulement imaginer vivre sans elle? Mon
subconscient me répond : « Non tu ne peux pas. »
Hard to Say I'm Sorry - Boyz to Men
On
nous apporte les vins, elle en avale une gorgée pour trouver le courage de me
dire quelque chose qu’elle a sur le cœur. Je la regarde fixement. Elle
murmure : « J’ai beaucoup apprécié ce week-end Christian ».
L’effet est immédiat : ma respiration part à cent à l’heure. Comment réussit-elle
à me mettre dans un état pareil avec une simple phrase ? Pourquoi mon prénom
prononcé par elle devient-il aussi diablement sexy ? Elle mordille
distraitement sa lèvre.
“Arrête
de mordre ta lèvre Anastasia. » Je rouspète sachant très bien l’effet que
ça me fait surtout avec mon érection naissante.
Elle
soupire et libère sa lèvre.
« Moi
aussi j’ai passé un excellent week-end. »
« Euh
Christian, puis je te demander quelque chose ? » Elle chuchote comme
si elle voulait que personne d’autre ne l’entende. « Oui, bien sûr. »
Sa
voix descend d’une octave : “C’est quoi le sexe vanille ? » J’affiche
un sourire radieux.
« C’est
le sexe tout simplement, sans jouets ni accessoires. Tu vois… » Non elle
ne voit pas, cette pensée me comble de bonheur. Je suis son premier.
“Non
tu ne sais pas. Mais c’est ça que ça veut dire. »
« Oh. »
je vois que quelque chose mouline dans sa tête.
Quand
les plats arrivent, j’ignore totalement la serveuse. Comment pourrais
m’intéresser à une autre qu’Anastasia ? La serveuse s’éclipse et Anastasia
pouffe de rire. C’est sans doute le plus joli son que je connaisse. Si
insouciant, si mélodieux, si elle. Parfaitement adorable !
“Christian,
pourquoi n’as tu jamais pratiqué le sexe vanille ? As-tu toujours …tu vois,
as-tu toujours eu des goûts particuliers ? » J’acquiesce en silence
puis soupire. Comment lui expliquer qu’Elena m’a séduit quand j’étais très
jeune et que je n’ai jamais rien connu d’autre ? Elle attend une réponse
en me fixant. Je décide de lui dire la vérité : « Une amie de ma mère
m’a séduit quand j’avais quinze ans. » Elle en reste bouchée bée, son
visage s’assombrit. Dans un soupir elle laisse
échapper : « Oh. » Je lis sur ses lèvres “Mon Dieu !” mais
pas un son ne sort de sa bouche. Son regard change.
“Elle
avait des goûts très particuliers. J’ai été son soumis pendant six ans. »
Je hausse les épaules, ce qui est fait est fait, c’est du passé.
Sa
bouche est toujours béante. Pour une fois elle ferme sa grande gueule.
« Ce
qui veut dire que je sais ce que je te demande Anastasia et ce que cela
implique. »
Elle
continue de me regarder incapable de digérer la nouvelle. Je crois que ça la
rend malade.
« Tu
vois Anastasia, je n’ai pas eu une initiation au sexe normale »
Elle
sort de sa torpeur: “Permets moi de te poser une question, n’es tu jamais,
jamais sorti avec une fille au collège ? »
« Non. »
je secoue la tête.
« Mais
pourquoi ? »
Je ne
suis pas sûre qu’elle ait envie d’entendre la réponse. Mais je lui demande
quand même.
« Veux-tu
vraiment le savoir ? »
« Oui ! »
c’est un cri du cœur, elle veut vraiment me comprendre.
« Je
n’en avais tout simplement aucune envie. Elle était tout ce que je désirais,
tout ce dont j’avais besoin. De toute façon, si je l’avais fait elle m’aurait
cassé la gueule. » Je souris avec tendresse à ce souvenir. Elle m’aurait
tellement piétiné que j’aurais pu servir de pont entre Seattle et Hong-Kong.
Ses
yeux s’assombrissent de colère. Ses mâchoires sont serrées mais elle parle
calmement : « Tu as dit que c’était une amie de ta mère, quel âge
avait-elle ? »
Qu’est
ce que ça peu lui faire ? Oh et puis peu importe je décide de lui
répondre.
« Oh,
elle était suffisamment âgée pour savoir ce qu’elle faisait. »
Puis
elle se décide à poser la question qui lui brûle les lèvres : « Tu la
vois encore ? »
« Oui. »
Je lis
de la déception dans ses yeux et de l’inquiétude aussi.
« Est-ce
que vous faîtes… euh… encore ? » Son visage est rouge tomate, son
regard est inquiet. Je ne l’avais jamais vu malade comme ça depuis le jour ou
elle a arrosé le bac à fleurs devant le bar.
« Non,
c’est juste une bonne copine. » Je suis content que l’idée qu’il
puisse y avoir de la rivalité la rende jalouse.
Puis
elle me pose une question débile, encore plus débile que « êtes vous
homosexuel Monsieur Grey ? »
« Hmm.
Est-ce que ta mère est au courant ? »
« Bien
sûr que non. » Mais qu’est ce qu’elle croit ? Oh Maman, au passage
je te signale qu’une de tes amies m’a séduit quand j’avais quinze ans et nous
avons baisé ensemble pendant six ans. Maintenant nous sommes juste de bons
amis. Ma mère serait incapable de comprendre la complexité de cette
relation.
De
nouveau elle se plonge dans le mutisme. Elle réfléchit, elle cogite. Elle
ressasse ce qu’elle a entendu et qui lui déplaît. Elle boit une gorgée de vin.
Les plats arrivent. Elle regarde son assiette comme si la serveuse nous avait
apporté de la merde.
« Mais
ce n’était pas tout le temps ? »
« De
quoi ? »
« Est-ce
que tu étais son soumis tout le temps ? »
Oh…
« Oui, mais je ne la voyais pas souvent. C’était difficile. D’abord j’étais
très jeune et j’allais au lycée, ensuite je suis allé à l‘université.” Elle me
regarde toujours totalement muette.
« Mange
Anastasia, s’il te plaît »
Elle
répond d’un ton glacial : « Je n’ai pas faim Monsieur Grey. »
« Mange ! »
dis-je avec fermeté. Elle se contente de me regarder. Elle semble se foutre
royalement de mon ton menaçant.
« J’ai
besoin d’une minute. » Sa remarque est justifiée. Elle a trop
d’informations à digérer en même temps.
J’acquiesce :
« Bien sûr.»
De
nouveau elle est plongée dans ses pensées. Elle rumine. Je ne veux pas que mon
passé de merde affecte sa décision. Elle semble soucieuse. J’attends qu’elle
parle. Elle lève finalement les yeux.
“Est-ce
que nos… euh… » Elle cherche ses mots, « … relations seront comme
ça? Toi qui me dis ce que je dois faire, qui me donne des ordres
en permanence? »
« Oui. »
Je confirme. Mais c’est plus que cela.
« Je
vois. » dit-elle fermement.
« C’est
plus que cela Anastasia… Quand tu commenceras à te soumettre à moi tu le
désireras vraiment » il y a des accès de ferveur dans ma voix.
Elle
est perplexe. Son visage exprime quelque chose comme « Ouais c’est ça mon
œil.» Elle a baissé les yeux et fixe ses petites mains qui sont immobiles,
incapables de faire le moindre mouvement, perdues, tout comme elle.
« C’est
un grand pas à franchir pour moi. » dit-elle d’un air absent. Puis elle
avale une bouchée.
« Je
sais. » Je ferme les yeux, j’ai peur qu’elle refuse. Elle va me filer
entre les doigts. Je ne veux pas l’influencer et faire pencher la balance dans
un sens plutôt qu’un autre. Elle mérite mieux que cela. Elle doit prendre la
décision finale.
« Ecoute
Ana, tu dois te renseigner, lire le contrat et suivre ton instinct. S’il y a
quelque chose que tu ne comprends pas je serai là pour t’éclairer. Je vais
rester à Portland jusqu’à vendredi. Si tu
veux qu’on en parle tu n‘auras qu‘a m‘appeler. »
Je
suis nerveux. Elle n’est pas seulement belle, intelligente et talentueuse,
c’est aussi une négociatrice coriace. Elle a l’air soumise alors qu’en réalité
elle est très indépendante, trop indépendante.
« Tu
m’appelleras Anastasia ? On pourrait dîner ensemble mercredi. » Elle
ne dit rien, n’exprime rien. Elle a le regard dans le vague. Elle est bien plus
impassible que je ne le suis en ce moment même. Merde ! Et si elle a décidé de
refuser ? Je ne suis pas d’accord. Elle doit au moins y réfléchir.
« Anastasia
? Je veux vraiment, vraiment, vraiment que ça marche entre nous. Je n’ai
jamais autant désiré quoi que ce soit même quand j’ai créé mon
entreprise. »
Bon
sang c’est elle ! Je sais que c’est elle ! Cette femme m’appartient. Je la
veux. J’ai besoin d’elle ! « Dis quelque chose Ana… »
« Qu’est
il arrivé aux quinze ? »
Sa
question me désarçonne.
« Différentes
choses… Ca se résume à ça Anastasia….nous étions incompatibles. » C’est la
vérité. Je n’étais compatible avec aucune d’entre elles. Je vois de l’angoisse
dans ses yeux. Pourquoi ?
« Si
tu n’étais pas compatible avec des soumises confirmées, et quinze d’entre elles
qui plus est, qu’est-ce qui te fais croire… » Sa voix est basse presque
inaudible « qu’avec moi, qui n’y connait rien, ça puisse marcher ? »
« Je
le sais, crois moi je le sais! » Je veux qu’elle le sache et qu’elle me
croit parce que c’est la vérité.
« Tu
en revois certaines ? » je distingue une pointe de jalousie dans sa voix.
Elle m’aime encore malgré toutes mes révélations.
« Non
Anastasia, je n’en revois aucune. Je n’ai que des relations monogames. »
Je veux qu’elle sache qu’elle sera la seule, il n’y aura qu’elle.
Elle
ne montre rien puis murmure: « Je vois. » Est-elle soulagée ?
« Fais
des recherches, tu auras une idée plus précise. » Elle pose sa fourchette.
Je ne supporte pas qu’elle ne mange pas. Elle n’a quasiment rien mangé les deux
derniers jours. Je me demande comment elle peut fonctionner en n’avalant
presque rien. Voilà une bonne raison pour qu’elle signe le contrat, je pourrai
prendre toutes les dispositions pour qu’elle prenne soin d’elle.
« C’est
tout ce que tu comptes manger ? » je suis furieux.
Elle
hoche la tête sans rien dire. Je dois y aller en douceur avec elle et établir
des priorités. La nourriture n’est pas en haut de la liste pour le moment. Je
termine mon assiette pendant qu’elle se tortille sur sa chaise, mal à l’aise.
Elle a des idées plein la tête, et je sais qu’elle est en train de se repasser
le film de mes révélations. Son visage est traversé d’expressions diverses. Et
elle se tortille… très mal à l’aise. C’est peut être la conséquence de nos
ébats.
« Je
donnerais n’importe quoi pour savoir ce que tu penses. » Elle rougit jusqu’à
la racine des cheveux. Je vois. Voilà à quoi elle pense : Où et comment je
l’ai prise, et ça me ravi de voir que je lui fais cet effet là. Je lui souris
d’un air malicieux.
« Je
devine ce que tu penses Anastasia. »
« Ca
m’étonnerais que tu puisses lire dans mes pensées. »
« Pas
dans tes pensées, mais dans ton corps. J’ai appris à le connaître ces deux
derniers jours tu t’en souviens ? Je le connais bien maintenant. » Je veux
cette femme. Moi aussi je me souviens de nos ébats. Elle n’est pas la seule à
être troublée, je le suis aussi !
Je
demande l’addition, je paie et on lève le camp. Je lui tends la main. Quand nos
doigts se touchent le courant est immédiatement rétabli entre nous. Nous
retournons à la voiture et je lui ouvre la portière côté passager. Elle est
calme à présent. Je pense qu’elle médite encore sur toutes mes révélations de
ce matin. Je veux que ça marche. Et si elle dit non ! Est-ce que je la
laisserai partir ? Vais-je supporter qu’elle sorte avec n’importe quel connard
comme le photographe ou le gugusse Princetonien du magasin, ou un bouffon dans
le même genre ?
Je
voudrais qu’elle se décide, je crève de jalousie. Mon Dieu ! Je lui jette un
œil en biais. L’air est chargé d’électricité et son parfum est enivrant, pur,
intime, féminin. C’est Anastasia !
Je
sors de l’autoroute. J’arrive dans sa rue et me gare devant son immeuble, je
coupe le moteur.
Nous
nous regardons un moment en silence. Puis elle me dit: « Veux-tu monter
Christian? » Est-ce de la politesse ? du désir ?
« Je
ne peux pas. Je dois aller bosser. J’ai beaucoup de travail en retard. »
Je voudrais monter mais je me sais incapable de rester seul avec elle. Il faut
que je la laisse respirer et j’ai moi-même besoin d’air. Il faut que je
m’impose cette épreuve. Il faut que je teste ma volonté. Il faut que je sache
si c’est un désir véritable, un besoin ou autre chose. Elle est trop envoûtante
pour que je monte.
Ma
réponse l’attriste et elle baisse les yeux pour cacher son émotion. Sacrée
bonne femme ! Je ne peux pas me retenir. Je m’empare de sa main droite et y
dépose un baiser. Pour elle je fais décidément des choses que je ne fais
jamais. Elle est émue par mon geste. Nous restons plantés les yeux dans les
yeux sur notre petit nuage.
Mon
cerveau décide de se reconnecter avec le reste de mon corps et je retrouve
l’usage de mes jambes. Je sors de la voiture et me dirige côté passager.
J’ouvre la porte et lui tends la main. Elle l’accepte. Je suis une fois de plus
submergé par ces émotions étranges.
« Encore
merci pour ce week-end Anastasia, ça a été merveilleux. » Oui vraiment
merveilleux. Ce fut le meilleur week-end de ma vie. De toute ma vie !
« Pour
mercredi, je viendrai te prendre au boulot, fais moi savoir si tu veux que je
te récupère ailleurs... »
« A
mercredi Christian »
Je lui
fais un nouveau baisemain. Elle tourne la tête de côté. Elle aussi est
troublée. Elle semble désolée, désemparée et malheureuse. Elle me tourne le dos
pour partir et cacher son joli museau triste. Ca me rappelle la façon dont elle
est partie après la séance photo. Qu’est-ce qui ne va pas ? Elle s’éloigne puis
se retourne en me regardant avec une idée derrière la tête.
« Au
fait Christian, » elle me sort de mes pensées, « Je porte un de
tes caleçons » et la voilà qui tire sur l’élastique de mon boxer. J’en
reste coi, complètement sonné ! Elle me choque encore une fois ! Elle, dans mon
caleçon, putain c’est chaud ! Si je n’avais pas autant de boulot à faire et si
nous n’étions pas au milieu du trottoir je la baiserais séance tenante sur le
capot de ma bagnole !
I don't Wanna Fall in Love - Chris Isaac
Elle
sourit malicieusement en voyant ma tête et part en me plantant là avec mon
regard d’ahuri.
Je
suis en état de choc, finalement je retourne dans ma voiture et je prends la
direction de l’hôtel Heathman où Taylor doit déjà m’attendre. A mon arrivée le
voiturier se précipite et je lui confie les clés.
Je
suis salué par le portier. Je dégaine mon Blackberry et j’appelle Taylor qui
répond instantanément.
« Oui
monsieur. »
« Je
suis arrivé. »
« Oui
monsieur, votre suite est prête. J’ai apporté tout ce que vous aviez
demandé. »
« Je
vous verrai plus tard, je dois d’abord me renseigner sur ce qui se passe au
bureau. »
Je
coupe.
Encore
une semaine à attendre. Merde ! J’ai horreur d’attendre. Mais cette fois ci
j’ai goûté à Mademoiselle Steele et ça va être beaucoup plus dur d’attendre
jusqu’à mercredi.
Je
pénètre dans l’hôtel en pensant à elle. Elle me manque déjà.
Putain ! Je déteste attendre.
Ce n’est pas du tout mon genre.
Mercredi…
Il faut que j’attende jusqu’à mercredi !
Je
dois trouver un moyen pour rester en contact avec elle. Je crève déjà de ne pas
savoir ce qu’elle fait et avec qui elle parle. Je ne peux pas la laisser seule.
Peu importe que je veuille être honnête avec elle. Elle me voulait autant que
je la désirais.
Pour
le moment tu dois prendre sur toi Grey !
Je
traverse le hall et rejoins les ascenseurs. Je la revois dans cet ascenseur.
Les choses sont claires dans mon esprit. Si je la perds je perdrai aussi la
tête. Je sombrerai inexorablement dans la folie.
Pour
le moment, j’ai un nœud dans la gorge.
Respire
Grey, respire.
Je
monte dans l’ascenseur, les portes se referment sur moi et sur mes rêves
d’Anastasia.
Principles of Lust - Enigma
Je suis la personne anonyme du 31 janvier qui a adorée votre site.
ReplyDeleteJ'ai fait découvrir vos books anglais et français à certaines de mes amies, qui comme moi sont fans de ce livre, elles ont aimé.
Pour moi c'est dure d'attendre les vendredis, je lis un peu les books en anglais mais votre traduction en français est si réaliste et très bien écrite que je préfère attendre.
Mais c'est dure d'attendre!!!
Je pense que ces livres devraient être publiés: cela nous donnent un autre aperçu de Christian qui accentue son charme, sa personnalité. Formidable!!!
Merci pour Eminé et merci pour mes traductions.
ReplyDeleteJe me doute que c'est dur d'attendre mais je ne peux pas faire plus vite. Je consacre l'essentiel de mes soirées à traduire, relire, traduire, relire, puis je fais, avec une amie, une dernière lecture le vendredi. Elle n'a pas lu l'oeuvre originale donc quand je la vois se passionner je sais que c'est bon. Quand je la vois rire je sais que j'assure...
Je suis donc confusion et désolation mais je fais aussi vite que possible. N'étant pas traductrice je dois faire un gros travail de traduction, d'adaptation et parfois de suppression afin que le texte soit à la fois vivant et compréhensible en français.
Je suis d'accord avec vous les livres d'Eminé permettent d'avoir une vue complète de cette jolie histoire d'amour car c'est tout de même beaucoup plus une belle histoire d'amour que des machins sado maso comme nous le racontait la presse,et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai décidé de les traduire.
Je suis très touchée de votre commentaire cela incite à continuer.
A vendredi donc.
EM
Comment vous remercier pour ce cadeau inattendu c tellement génial exceptionnel trop bien parfais je ne sais même pas commen exprimer ce ke je récent tellement c génial de pouvoir lir ça
ReplyDeleteeh bien ça fait plaisir un tel enthousiasme!
ReplyDeletemerci! je transmets à Eminé.
xx
Bonjour, j'ai pris la lecture de "50 nuances de Grey" que très recemment. J'ai dévoré les 3 tomes en très peu de temps alors que, d'habitude, lire ce n'est pas mon truc. Pendant ma lecture, j'ai toujours ça en tête "se serait top si Christian se mettait à parler, si on connaissait son point de vue à lui". Je me suis sentie comme seule quand j'eu fini de lire les 3 livres. j'ai donc commencé a chercher des sites de fan, des infos sur un film a venir... et là: votre blog! Sublime, j'y suis accroché depuis plusieurs heures! j'adore l’écriture, très simple, très bien faite! bref...j'adore! Vraiment! merci de faire tout cela pour prolonger encore le plaisir des histoires de Ana et Christian!
ReplyDeletebien à vous
Mary