LE DINER
Chapitre 12
Traduit par: Elisabeth
Mazaltov
Edité par: Hélène
B. et Elisabeth Mazaltov
Le
jour suivant j’ai le cœur oppressé toute la journée. Je suis agité, excité,
nerveux, heureux, ai-je précisé que je suis nerveux ? Je remarque que mon
humeur déteint sur Taylor : il est fébrile. Je suis brusque et émotif. Je dois
trouver un moyen pour faire passer le temps. Je veux la garder avec moi ce
soir. Je veux lui faire l’amour. La baiser. L’embrasser. La tenir dans mes
bras. Comme je n’ai qu’un lit et que je ne suis pas à l’Escala, elle pourra
dormir dans mon lit. D’accord c’est encore une entorse à mes règles ! Elle est
mon talon d’Achille ! De toute façon il n’y a pas d’autre lit et je ne vais pas
aller dormir dans le canapé surtout avec elle juste à côté. Mon subconscient me
dit « continues de te mentir tu vas peut être finir par y croire » je
lui fais fermer sa gueule. Peut être qu’on ne dormira pas du tout. Qu’est-ce
que tu dis de ça ?
Mon
Dieu ! Ca fait trois jours depuis la dernière fois et ça me tue… être à peine à
10 kms d’elle sans la goûter, lui faire l’amour, la baiser !
A bout
de nerfs j’appelle « Taylor! »
« Oui
Monsieur. »
« J’ai
besoin d’entraînement. On va courir. »
« Oui
Monsieur. »
D’ici
je pourrais facilement courir jusqu’à chez elle sans pour autant être fatigué
en revenant. Toute cette énergie refoulée me rend dingue et je cherche
n’importe quel motif pour sortir. Mais bien sûr je n’irai pas à son appartement
car je dois garder le contrôle, de plus j’aurai besoin d’être en pleine
possession de mes moyens quand elle sera là. Donc on va juste courir. Et on court
intensivement pendant plusieurs kilomètres. A notre retour, je prends une
douche. Je n’ai pas évacué toute mon énergie accumulée, je pourrai en avoir
besoin ce soir. J’enfile mon habituelle chemise en lin blanc, un jean noir, une
cravate noire et une veste noire. Je veux être parfait comme ça elle sera
incapable de partir. Je passe mes doigts dans mes cheveux, les laissant
légèrement ébouriffés dans le genre « après baise. » Tu vas en prendre
plein les yeux Miss Steele ! Je descends au bar de l’hôtel.
Je me
commande un verre de vin blanc. Je suis nerveux comme jamais et je ne suis pourtant
pas du genre nerveux. Je n’éprouve que peu
d’émotions car j’exerce toujours le contrôle. Le contrôle m’apporte la
sérénité or Anastasia amène le chaos dans mon esprit déjà tourmenté ! Je
regarde ma montre il est 18 h 56. Va-t-elle venir? Je
commence nerveusement à taper du pied. J’arrête. Je me penche pour boire une
autre gorgée de vin. Elle est là ! Je sens son regard dans mon dos ! Je
ne sais pas comment c’est possible mais quand elle est dans les parages je la
sens comme si nous étions connectés. Je jette un regard circulaire et je la
vois, debout à l’entrée du bar. Elle me reluque ! Mon cœur fond comme
neige au soleil à chaque fois qu’elle me regarde comme ça. Elle est absolument
ravissante dans une robe violette. Je cligne plusieurs fois des yeux pour être
certain que c’est bien elle. Elle est superbe ! Je lui décroche mon sourire
« spécial Anastasia », un sourire obscène qui reflète mon désir et
mon affection pour elle.
Elle
porte une jolie robe et des stilettos, oh putain ! J’ai un penchant pour les
talons hauts ce qui me donne envie de la prendre là tout de suite ! Peut être
que je peux le faire, après tout j’ai réservé un salon particulier. Elle vient
vers moi et par réflexe je me lève et me dirige vers elle.
Can't Take my Eyes off of You - Frank Sinatra
Je
suis tout juste capable de bredouiller: « Anastasia tu es magnifique
! » et je dépose un baiser sur sa joue. « Tu portes une robe !
j’approuve Mademoiselle Steele. » Je lui offre mon bras et je la conduis
vers un box privé. Je fais signe au serveur et je demande à Ana ce qu’elle
souhaite boire. Elle me sourit malicieusement et dit : « Je prendrai la
même chose que toi. » Je commande un verre de sancerre et m’assieds en
face d’elle. La pensée qu’elle puisse être d’humeur docile me donne le vertige.
Je penche ma tête de côté et je trouve un truc à dire : « Ils ont une
excellente cave ici. »
Je
ferme les yeux une seconde juste pour voir si je peux échapper à son
attraction, mais non j’en suis incapable. Je place mes mains l’une contre
l’autre et me penche vers Ana. Mon cœur est prêt à éclater. Mon regard est si
intense qu’elle détourne la tête. Elle sent la tension entre nous.
« Nerveuse ? »
« Oui »
Je me
penche plus près d’elle.
« Je
vais te dire un secret, » et j’ajoute avec un air de conspirateur : « Moi
aussi je suis nerveux. »
Elle
est si étonnée qu’elle cligne des yeux. Il y a longtemps que je maîtrise l’art
du contrôle, mais ma nervosité est incontrôlable en sa présence. Je souris. Le
serveur arrive avec le vin, des olives et des amandes.
Elle
va droit au but.
« Bon
Christian, on fait comment ? Veux tu qu’on reprenne mes observations une par
une ? »
« Impatiente
comme toujours Mademoiselle Steele. »
Puis
elle dit une chose d’une banalité totale mais qui me choque au delà de tout
parce qu’elle se fout de ma gueule. Et ça c’est le truc le plus excitant du
monde !
« Bien
Monsieur Grey en ce cas voulez vous qu’on parle de la pluie et du beau temps ? »
Ses beaux yeux bleus sont attentivement fixés sur moi et ça me fait sourire. On
peut jouer à ce jeu là si tu veux Miss Steele. Je commence à faire tout un
cinéma en étendant calmement ma main pour aller piquer une olive et la lancer
dans ma bouche. Elle observe ma bouche et je sais exactement ce qu’elle est en
train de penser. Elle est nerveuse et se tortille sur son siège. Quand elle a
envie de moi elle devient écarlate et regarde ses mains. Elle doit être
sacrément excitée parce qu’elle regarde fixement ma bouche, incapable de
détourner les yeux. Sa respiration est rapide. Elle serre ses jambes l’une contre
l’autre, je le sais car elle a involontairement fait bouger la nappe. Elle me
veut et son désir fait émerger en moi des sentiments inconnus. Je veux les
explorer.
« Je
trouve que le temps a été particulièrement inintéressant aujourd’hui Miss
Steele. » dis-je avec un sourire de satisfaction.
Blue Skies - Ella Fitzgerald
« Vous
moquez vous de moi Monsieur Grey ? »
«Mais
absolument Miss Steele. » Tiens prends ça dans les dents Anastasia ! Elle
se penche vers moi et murmure : « Vous savez que ce contrat n’a aucune
valeur légale Monsieur Grey. » Ca fait changer mon humeur et je lui
réponds « J’en suis pleinement conscient Miss Steele. » Elle s’adosse
à son fauteuil et croise les bras, elle se referme comme une huitre.
« Tu
comptais m’en parler un jour ? » Elle ne me fait pas confiance ou quoi ?
Est-ce qu’elle croit que je veux profiter d’elle ? Je fronce les sourcils. A-t’elle
donc une si mauvaise opinion de moi ?
« Anastasia,
crois tu vraiment que je t’obligerais à faire quelque chose que tu ne veux pas
faire en te faisant croire que tu y es contrainte par la loi ? »
« Et
bien… Oui. » Contre toute attente sa réponse me blesse. Je ne suis jamais
blessé ! D’où sort ce sentiment à la con ? Deux petits mots de rien du tout qui
transpercent mon cœur comme le ferait un couteau.
« Tu
n’as pas une haute opinion de moi Anastasia. » J’essaye de dissimuler la
peine dans ma voix, « Pourquoi ? »
« Monsieur
Grey, vous n’avez pas répondu à ma question. Vous ne pouvez pas répondre à une
question par une autre question. »
J’acquiesce,
elle a droit à une réponse.
« Anastasia,
l’objet de ce contrat n’est pas de savoir s’il est juridiquement exécutoire ou
pas. Il représente un arrangement que j’aimerais conclure avec toi. Il établit
ce que j’attends de toi et ce que tu peux attendre de moi en des termes clairs.
Si cela ne te convient pas-tu ne signes pas. Mais si tu signes, et que par la
suite tu changes d’avis, tu peux simplement arrêter car j’ai prévu de
nombreuses clauses de ruptures anticipées. Et même s’il y avait une possibilité
de rendre ce contrat exécutoire, crois tu que je te traînerais devant les
tribunaux si tu décidais de partir ? »
Elle
me regarde un moment pensive et sans me quitter des yeux elle boit une grande
gorgée de vin. Je veux qu’elle me fasse confiance. Toujours ! Je ne l’aurais
jamais couillonnée. Par-dessus tout j’éprouve le curieux désir de prendre soin
d’elle. Nous devons avoir confiance l’un en l’autre si nous voulons que cet
arrangement marche.
« Ce
genre de relation, en fait toutes les relations sont basées sur l’honnêteté et
la confiance. Si tu ne me crois pas capable de savoir jusqu’où je peux aller
avec toi … » Je me penche vers elle et les yeux dans les yeux, avec
ferveur, j’ajoute : « Si tu ne peux pas être franche avec moi alors
nous n’irons pas plus loin. » Le regard brûlant je l’implore d’être
honnête avec moi. « Tu vois, Anastasia, ça se résume à ça : as-tu
confiance en moi ou pas ? »
A matter of Trust - Billy Joel
Elle se
penche et me déstabilise complètement en me demandant : « As-tu déjà eu
cette discussion avec, euh… les quinze ? »
« Non. »
« Pourquoi
pas ? »
« Parce
qu’elles étaient toutes des soumises, elles savaient ce que j’attendais d’une
relation. Il ne restait qu’à affiner les détails du contrat. »
Elle
hoche la tête.
« Y
a-t’il endroit dans lequel tu fais ton shopping de soumises ? Tu sais un truc
genre catalogue « soumises » de la Redoute , ou le rayon « soumises » des
Galeries Lafayette ?
Je
ris, « non, pas vraiment. » je suis complètement déboussolé.
« Alors
comment les trouves tu ? »
« Anastasia,
c’est ça dont tu veux parler ou on passe aux choses sérieuses c’est-à-dire ta
liste de « problèmes ? »
Elle
déglutit et regarde ses mains. Il faut que je l’empêche de cogiter. Elle cogite
tout le temps.
« As-tu
faim? »
Elle
lève les yeux, « Non » répond-elle doucement.
Je
parie qu’elle n’a rien mangé. Elle ne mange presque rien. « As-tu mangé
aujourd’hui? »
« Non. »
Sa voix est à peine audible. Je plisse les yeux. Pourquoi elle ne mange jamais
rien ?
« Tu
dois manger Anastasia. On peut dîner dans ma suite ou ici. Que préfères-tu ? »
« Je
crois qu’on devrait rester en terrain neutre, dans un lieu public. » Je
lui adresse un sourire sardonique. « Anastasia, crois tu qu’être dans
un espace public m’arrêterait ? » ma voix est douce, sensuelle et mes
yeux brûlant de désir. Même pas en rêve !
J’ai cru mourir de ne pas la voir ces trois derniers jours ! Elle
écarquille les yeux, déglutit à nouveau et murmure : « Je
l’espère. »
« Viens,
j’ai réservé un salon privé. » Je me lève et lui prend la main. Un employé
nous conduit dans la salle à manger privée. C’est une petite pièce très
luxueuse avec des boiseries. L’employé fait glisser une chaise pour
qu’Anastasia puisse prendre place. Je m’assieds en face d’elle. Elle se décide
à me regarder sous sa longue frange de cils. Je ferme les yeux un bref instant
et murmure : « Ne mordille pas ta lèvre. » Elle me regarde
étonnée.
« J’ai
déjà passé la commande. J’espère que ça ne te gêne pas. »
« C’est
parfait. » Son approbation me fait soupirer de soulagement. Elle est
capable de docilité.
« Où
en étions-nous ? »
« Aux
choses sérieuses » répond t’elle automatiquement avant d‘avaler une gorgée
de vin.
« Oui
tes problèmes, » dis-je en sortant son email de ma poche.
« Clause
2. Je suis d’accord c’est pour notre bien à tous les deux. Je vais
corriger. » Elle me regarde et décide d’avaler une nouvelle gorgée de vin
comme s’il avait le pouvoir de lui rendre le courage qu’elle a perdu en entrant
dans l’hôtel.
« Concernant
les maladies sexuellement transmissibles, toutes mes précédentes partenaires
ont fait des test sanguins, et je fais des tests tous les six mois pour tous
les risques énoncés dans le contrat. Tous mes tests sont négatifs. Je n’ai
jamais pris de drogues, d’ailleurs je suis résolument anti-drogue. De fait,
j’applique une politique de tolérance zéro dans mon entreprise et je soumets
mon personnel à des tests anti drogue de façon aléatoire. » Elle reste
bouche bée, son visage affiche un air consterné qui semble me dire « T’es
vraiment un barge du contrôle toi ! »
Je
poursuis « Je n’ai jamais eu de transfusion sanguine. C’est bon pour cette
clause ? »
Elle
acquiesce impassible.
« Nous
avons déjà évoqué la clause suivante. Oui, tu peux partir quand tu veux Ana. Je
ne t’en empêcherai pas.» J’ai le cœur en morceaux en disant cela. « Toutefois,
si tu décides de partir tout sera terminé entre nous. Je veux que ça soit bien
clair. »
« D’accord. »
Les huitres arrivent.
« J’espère
que tu aimes les huitres. » dis-je doucement. Elle me dit qu’elle n’en a
jamais mangé.
« Vraiment
Tout ce que tu as à faire c’est pencher
la coquille et avaler. Je pense que tu feras cela très bien, » dis-je en
repensant à ses exploits à l’oral. Elle devient écarlate. Je lui souris en
guise de réponse tout en versant du jus de citron sur mon huitre puis en
l’avalant. Je l’encourage à en faire autant.
« Je
ne dois pas la mâcher ? » demande t’elle en toute innocence. J’adore
ça chez elle ! Quand elle est comme ça, tout disparaît, toute la merde, tous
les soucis, il y a juste Anastasia et moi.
« Non,
tu ne mâches pas Anastasia. » Elle mordille encore sa lèvre ! Quelle
chieuse ! Est-elle en train de m’allumer Je lui adresse un regard
d’avertissement; Elle fait comme moi en arrosant son huitre de jus de citron,
puis elle fait basculer la coquille et avale. Elle lèche ses lèvres ce qui a
pour effet de faire monter mon désir, mes yeux s’assombrissent.
« Alors
»
« Je
vais en prendre une autre »
Je
suis si fier d’elle. Elle est toujours prête à découvrir des choses et
désireuse d’apprendre à les apprécier. Ca me donne de l’espoir pour nous deux.
« Bravo ma jolie. »
« Tu
as fait exprès de commander des huitres ? Après tout elles sont réputées
être aphrodisiaques. »
Je
réponds honnêtement que non. Ai-je besoin d’aphrodisiaque quand je suis en sa
compagnie? « C’était le premier choix sur le menu et tu sais pertinemment que
je n’ai pas besoin d’aphrodisiaque avec toi.» dis-je en prenant une autre
huitre. « Bon, où en étions nous ? »
« Ah
oui, m’obéir en toute chose. Oui je veux que tu le fasses. J’ai besoin que tu
le fasses. Considère ça comme un jeu de rôle Anastasia. » Je dois avoir le
contrôle. Elle est trop provocante, et c’est le seul moyen que je connaisse.
« Christian… »
Elle me regarde effrayée, « J’ai peur que tu me fasses mal. »
Je
suis étonné par sa crainte. « Te faire mal mais comment ? »
« Physiquement »
dit-elle, son regard en dit long.
Je la
gronde, « Ana ! Me crois-tu capable de faire cela ? Crois tu que j’irai
au-delà des limites de ce que tu peux supporter ? »
« Mais
tu as dit que tu as déjà fait du mal à quelqu’un. »
« Oui
c’est vrai mais c’était il y a très longtemps. »
« Comment
lui as-tu fait mal ? »
« Je
l’ai suspendu au plafond de ma salle de jeux. D’ailleurs c’est une de tes
questions la suspension. C’est à ça que servent les mousquetons. C’est un jeu
avec les cordes vois-tu. Une des cordes était trop serrée. »
Elle
lève sa main pour ne pas en entendre d’avantage. « Je ne veux pas savoir.
Je ne veux pas être suspendue. Tu ne vas pas me suspendre n’est-ce pas ? »
« Non
pas si tu ne le veux pas. Ca peut être une limite à ne pas franchir. »
« D’accord. »
Elle respire, elle était manifestement terrifiée.
« L’obéissance
tu penses pouvoir y arriver ? » S’il te plait, je la supplie
intérieurement. J’en ai besoin. Je dois exercer le contrôle.
Elle
me regarde, en essayant de lire mes pensées. Puis elle murmure
« J’essaierai. »
« Bien. »
Je souris. Intérieurement je pousse un soupir de soulagement.
« Un
mois d’essai au lieu de trois ce n’est rien du tout Anastasia. Si tu ne veux
pas un des week-ends on peut se mettre d’accord pour se voir pendant la
semaine. Je ne pense pas être capable de me passer de toi si longtemps. J’ai
déjà assez de mal maintenant. » Je la regarde.
Elle
est manifestement angoissée. « Qu’en dis tu, je te laisse un week-end mais
en échange je prends un jour de la semaine ? Ca te semble possible? »
« D’accord »
« Et
puis, je t’en prie on peut essayer pour trois mois Anastasia. Si ça ne te
convient pas tu pourras partir quand tu veux. S’il te plait ? »
« Trois
mois? » elle dit ça comme si les mots lui laissaient un goût amer dans la
bouche. Elle semble contrariée. Elle boit nerveusement une autre gorgée de vin.
Elle prend une huitre, je crois qu’elle cherche à combler le silence dont elle
a besoin pour réfléchir.
Je
continue, « La propriété c’est juste une histoire de terminologie qui
ramène à la notion d’obéissance. C’est pour que tu sois dans l’état d’esprit
qui convient. Je veux que tu comprennes une chose: Au moment où tu franchiras
mon seuil en tant que soumise, je ferai ce que je veux de toi. Tu dois
l’accepter de ton plein gré. C’est pour ça que j’ai besoin que tu me fasses
confiance. Je vais te baiser à n’importe quel moment, où je veux et de la
manière qui me plaira. Comme je sais que tu n’as jamais fait cela avant j’irai
doucement et nous élaborerons divers scenarii. Tu dois me faire confiance et je
sais que je dois mériter ta confiance. Et crois moi j’y arriverai. Le
sexuellement « ou autrement » c’est pour te mettre dans l’état
d’esprit, ça veut dire que tout peut arriver. » J’ai des accents passionnés
dans la voix.
Elle
me regarde fixement totalement silencieuse.
« Ana,
tu es toujours avec moi ? » ma voix est chaude et séductrice.
Quand
le serveur revient, je lui demande si elle veut encore du vin mais elle commande
de l’eau pétillante car elle doit conduire.
« Tu
es très silencieuse Anastasia. »
« Et
toi tu es très loquace Christian. » Je souris
« La
clause de discipline. Anastasia tu dois comprendre que la limite est
imperceptible entre le plaisir et la douleur, ce sont les revers de la même médaille,
l’un n’existe pas sans l’autre. Je veux te montrer combien la douleur peut être
un plaisir. Peut être as-tu du mal à me croire et c’est pour ça que j’ai besoin
de ta confiance. Il y aura de la douleur mais rien que tu ne puisses supporter.
Tu me fais confiance Ana ? »
Elle
lève les yeux et spontanément répond « Oui. » Elle me fait confiance !
Mon soulagement est inimaginable. « Ok, alors le reste ne sont que des
détails. »
« Oui,
mais ce sont des détails importants. »
Le
serveur revient avec les plats : asperges, morue noire, pommes vapeur sauce
hollandaise. J’espère qu’elle va aimer.
« Parlons
de la nourriture, tu dis que c’est une clause rédhibitoire. »
« Oui. »
« Et
si je modifie le contrat en disant que tu dois manger trois repas par
jour. »
« Non. »
Elle a répondu spontanément et avec vigueur.
« J’ai
besoin de savoir que tu n’es pas affamée Anastasia. »
« Tu
devras me faire confiance. » Sa réponse me laisse abasourdi. Je la regarde
oui je lui fais confiance. Cette pensée m’apaise.
« D’accord,
je cède sur la nourriture et le sommeil. »
« Je
veux savoir pourquoi je n’ai pas le droit de te regarder. »
« Ca
fait partie de la relation dominant/soumise. Tu t’y habitueras. » Elle
semble perplexe.
Puis
elle me regarde avec l’intention de me défier et demande : « Pourquoi je
ne peux pas te toucher ? »
Comment
puis-je lui expliquer que je suis un type complètement merdique ? « Parce
que tu ne peux pas. »
« C’est
à cause de Mrs Robinson? » Sa question me surprend.
Bien
sûr que non ! « Pourquoi crois tu ça ?, Tu penses qu’elle m’a traumatisé ? »
Elle acquiesce !
« Non
Anastasia, elle n’a rien à voir avec ça. D ‘ailleurs elle n’aurait jamais
accepté que je fasse ce genre de caprice. » Elle boude.
« Donc
ça n’a rien à voir avec elle… ? »
« Non,
et je ne veux pas que tu te touches non plus. »
« Par
curiosité, pourquoi? » Je me penche vers elle avec passion, « Parce
que je veux tout ton plaisir, » Mon ton est ferme. « Tu
as beaucoup à penser. »
« Oui
tu m’as donné beaucoup à réfléchir. » convient-elle.
« Veux
tu qu’on passe aux limites à négocier ? » Elle a l’air malade.
« Pas
pendant le dîner. » Sa réponse me fait sourire.
« Etes
vous dégoûtée Miss Steele ? »
« Oui tu peux le dire. »
« Tu
n’as pas assez mangé. »
« Je
n’ai plus faim. » Je sais ce qu’elle a mangé. J’ai tout mémorisé. Trois
huitres, quatre bouchées de poisson, une asperge et c’est tout. Quand je le lui
dis, elle semble outrée que je puisse me rappeler tout ce qu’elle a mangé.
« Tu
as dit que je pouvais te faire confiance. » Je la regarde droit dans les
yeux.
« Christian,
ce n’est pas tous les jours que j’ai une conversation comme celle-ci.
J’aimerais qu’on fasse une pause s’il te plait. » Ce n’est pas une raison
suffisante. Elle doit rester en bonne santé.
« Je
veux que tu sois en forme et en bonne santé Anastasia. »
Elle
murmure : « Je sais. » et mordille encore distraitement sa lèvre. Je
ferme les yeux et inspire longuement, quand je les rouvre ils sont fiévreux.
« Maintenant
Anastasia, la seule chose dont j’ai envie c’est de t’enlever cette robe. »
dis-je la voix basse. Elle déglutit et se tortille. Je vois qu’elle me désire
aussi.
« Ca
ne serait pas une bonne idée Christian, » elle est étrangement calme. « D’ailleurs nous n’avons pas encore pris le dessert. »
Incrédule
je lui demande : « Tu veux un dessert ? »
« Oui. »
Je lui
décroche à nouveau un sourire salace.
D‘une
voix suggestive je murmure : « Tu pourrais être le dessert. » Mon
Dieu ! J’ai tellement envie d’elle. Quand elle est assise en face de moi dans
cette robe violette, avec ces cheveux, ces jambes, ces lèvres, se tortillant,
ça me rappelle la façon dont elle se tortille sous mes caresses, et combien
elle est réceptive. Je suis si près d’elle, ça me rend dingue ! Je suis en
train de perdre la tête… Elle est si proche et pourtant si lointaine ! Je la
veux, j’ai besoin d’elle, ici et maintenant !
Elle
susurre : « Je crois que je ne suis pas assez sucrée Christian. » Oh
je ne suis pas d’accord Miss Steele! Je vous ai goûtée et vous êtes l’être le
plus délicieux que j’aie jamais eu !
« Anastasia,
tu es la créature la plus délicieuse que j’aie jamais goûtée ! »
« Christian,
tu te sers du sexe comme une arme, ce n’est pas juste. » Elle regarde ses
petites mains. Puis elle lève ses superbes yeux bleus et les plonge dans les
miens, elle les transperce. Son regard me surprend. Elle peut voir à travers
toute la merde qui m’entoure. Elle a la capacité de voir qui je suis vraiment.
Je hausse les sourcils étonné. Je réfléchis, elle a raison bien sûr.
« Tu
as raison Ana, dans la vie on tire parti de ses talents. C’est le mien. C’est
mon outil, mon arme, ma mine d’or, mon arsenal. Mais ça ne change rien au
fait que je te désire et que je te veux ! Ici et maintenant ! » Mon
regard n’a jamais quitté le sien, je vois son désir croitre. Ca me donne une
idée.
« J’ai
envie d’essayer quelque chose. » dis-je doucement. Elle fronce les
sourcils, interrogative et sur la défensive. Je me penche lentement vers elle,
et sur un ton enjôleur j’ajoute :
« Si tu étais ma soumise, tu n’aurais pas à penser à ça. Tu n’aurais jamais à te demander si tu prends la bonne décision, ou si tel endroit est approprié. Toutes ces décisions seraient prises pour toi. C’est moi, en tant que dominant qui m‘en chargerait. Tu vois Anastasia, je sais avec certitude qu’en ce moment tu as envie de moi. »
Son
visage exprime la surprise. Elle veut savoir comment je le sais.
« Bébé
je le sais parce que ton corps parle, il te trahit. Tu rougis parce que ça
survient comme un signe de ton désir. Ta respiration change pour s’adapter à
tout ce sang qui monte à la surface de ta peau. Et en ce moment même tu serres
les cuisses pour tenter de supprimer le désir que tu as de moi. »
Je lis
dans ses yeux : C’est quoi ce bordel ?
« Comment
tu sais pour mes cuisses? »
« Il
suffit d‘être attentif. Je vois la nappe qui bouge et j’ai bien appris à lire
le langage corporel. Tu sais Ana, j’ai des années d’expérience. J’ai raison
n’est-ce pas ? » Elle rougit d’avantage et fixe ses mains.
Timidement
elle dit « Je n’ai pas terminé mon poisson. »
« Entre
moi et le poisson, c’est le poisson froid que tu préfères ? » Elle
redresse la tête brusquement et me fusille du regard, je la dévisage les yeux
brulant de désir.
« Mais
tu as dit que tu voulais que je mange toute mon assiette. » En ce moment
ai-je vraiment l’air de m’intéresser à ce qu’elle mange ? Je suis en train de
me consumer devant elle ! Elle me torture ! Elle me contredit ! Elle me rejette
! C’est à la fois extrêmement excitant et terriblement frustrant ! Elle est mon poison et mon antidote ! Il faut que
je la possède. Je sais qu’elle a envie de moi ! Pourquoi ne veut elle pas de
moi ?
« Christian,
tu ne te bats pas à la loyale. » Je sais bébé ! Je ne sais pas faire
autrement. Je dois gagner. C’est dans ma nature.
« J’ai
toujours été comme ça. » Je suis le maître de mon jeu. Je sais comment y
jouer, et je l’ai très bien appris. Elle est si innocente et si inexpérimentée,
elle ne sera pas en mesure de résister à ce que j’ai à offrir. Putain ! J’ai
trop envie d’elle. Je pourrais la baiser sur la table si elle acceptait Elle
fronce les sourcils et ses paupières se referment un peu sur ses yeux. Elle va
lancer une contre offensive ! Elle prend une asperge. Lentement et délibérément
elle mord sa lèvre en me regardant droit dans les yeux ! Puis elle porte
l’asperge à sa bouche et la suce ! Elle cherche à me tourmenter ! Elle essaye
de me battre à mon propre jeu. J’écarquille les yeux.
« Anastasia
tu fais quoi ? » dis-je en serrant les dents. Elle sourit gentiment et
mord la pointe. « Je mange mon asperge. » Mon désir monte en flèche
dans mon pantalon et je déglutis. Elle va me faire jouir sans même me toucher.
Je me déhanche sur mon siège pour faire de la place à mon érection
incontrôlable.
Je me
penche et murmure « Je pense que tu es en train de faire joujou avec
moi. » Comme toujours, elle papillonne des cils et me regarde innocemment
comme une bonne fille du sud, elle susurre « Je finis mon repas Monsieur
Grey. »
Le
satané serveur entre juste à ce moment là et me regarde. Je suis très mécontent
de son arrivée et il le voit. Je lui fais un signe de tête pour qu’il
débarrasse la table. J’ai envie d’elle. Je meurs de désir et je ne vais pas
tarder à me consumer. Il faut que je la prenne ici ou dans ma suite. Je ne
pense pas être capable d’attendre d’être dans ma chambre. Je vais la baiser
dans l’ascenseur ! Je demande à Ana si elle veut un dessert.
« Non
merci Christian. » répond-elle poliment puis elle ajoute en me brisant le
cœur : « Je pense que je ferais mieux de rentrer. » Non, non ! Cette
scène était dans mon rêve !
« Rentrer
? Pourquoi ? » Je suis incapable de cacher mon émotion et ma surprise. Le
serveur se tire en toute hâte effrayé par ma réaction.
« Oui,
je dois renter. » Mon désir pour elle transpire par tous les pores de ma
peau. J’ai viscéralement besoin d’être avec elle !
« Nous
avons tous les deux la cérémonie de remise des diplômes demain » dit-elle
timidement. Je me lève et en me penchant vers elle je murmure : « Je
ne veux pas que tu partes ! »
« S’il
te plait Christian, il le faut. »
« Pourquoi
? » Pourquoi me quitte-t-elle ? Je suis en panique. Je me souviens avoir
vécu cette scène dans le plus horrible de mes cauchemars.
« J’ai
beaucoup de choses à penser, tu m’as donné beaucoup à réfléchir. Je crois que
j’ai besoin de recul pour y voir clair. » Elle regarde ses mains.
« Je
peux te forcer à rester. » Je la menace comme je le faisais dans mon rêve.
Est-ce encore un rêve ?
« Je
sais que tu pourrais… Très facilement… » Elle me regarde suppliante. Elle
aussi me désire, pourquoi veux-tu partir bébé ? Pourquoi me refuses-tu ?
« Mais
je ne veux pas que tu m’en empêches. »
Je suis
mortifié. Je passe une main dans mes cheveux. Puis je la regarde. Après ces
deux jours très durs sans la voir et la séance de ce matin avec John je dis « Anastasia
quand tu as déboulé dans mon bureau, toute timide, répétant sans cesse ‘oui
monsieur’, ‘non monsieur’ j’ai pensé que tu étais soumise de nature. Mais j’en
doute à présent, en fait je découvre que tu n’as pas un gramme de soumission
dans ton corps délicieux. » Je suis tendu. Je ne sais pas comment elle
va prendre mon honnêteté. Ai-je envie de continuer à la poursuivre ? Elle a le
regard baissé puis lève à nouveau les yeux vers moi.
« Tu
as sans doute raison Christian. » A
ce moment précis ma décision est prise. Je la veux. A TOUT PRIX ! Je veux
tenter ma chance avec elle ! Pourquoi tout est contre moi ? Ne voit elle pas
combien je la désire ?
« Anastasia,
je veux tout de même avoir la chance d’explorer cette éventualité. Tu as peut
être cette prédisposition. » Son visage est traversé d’émotions diverses.
Je sais qu’elle me veut ! Je sais qu’elle me désire. Je sais qu’elle est
incapable de rester là devant moi parce qu’elle sait que notre attirance est
inévitable, inéluctable, que nous seront incapable de nous séparer si nous nous
touchons. Mais elle a décidé de partir. Elle en veut « plus » comme
dans mon rêve. Je le vois dans son attitude. Je baisse les yeux vers elle, je
caresse son menton et sa lèvre inférieure que j’aime tant. « Je ne connais
rien d’autre Ana. Voilà qui je suis. Je suis fait comme ça. »
« Je
sais. » dit-elle tristement, le regard affligé. Encore une scène de mon
rêve.
Je me
penche pour l’embrasser. Je la veux tellement, je me consume. Je suis en feu !
Je la contemple, cherchant son approbation, sa permission. Ses lèvres viennent
à la rencontre des miennes. Je commence à l’embrasser. Ses mains caressent mes
cheveux comme pour se fondre en moi. D’une main, je lui tiens la nuque, de
l’autre je caresse le bas de son dos, nous sommes plaqués l‘un contre l‘autre.
Nos bouches s‘explorent, se fouillent, se caressent. Avec ce baiser nous ne
sommes plus qu’un seul être, la tension monte. Je la veux ! J’ai besoin d’elle.
Je dois la posséder. Elle ne peut pas partir.
Entre
deux baisers je chuchote: « Je ne peux pas te convaincre de rester ? S’il
te plait ! »
You Give me Something - James Morrison
« Non. »
répond-elle fermement.
« S’il
te plait reste. Passe la nuit avec moi Ana. »
« Sans
pouvoir te toucher ? Non je ne peux pas. »
Je
gémis. « Bébé tu es impossible. » En me redressant je distingue une
expression différente sur son visage. Elle fout le camp ! Elle me quitte.
« Anastasia
? Pourquoi ai-je l’impression que tu me quittes? » J’étais là, j’ai déjà
vécu ce moment. La nuit dernière ! Et elle est morte dans mes bras ! Mon
angoisse monte d’un cran.
« C’est
parce que je m’en vais. » Je ne suis pas du tout convaincu. Je me penche,
les dents serrées : « Ce n’est pas ce que je veux dire et tu le sais très
bien ! »
Elle
ferme les yeux et respire profondément. Oh mon Dieu ! La nuit dernière ! J’ai
vécu ce moment la nuit dernière !
« Christian,
j’ai besoin de réfléchir. Je ne sais pas si je peux le faire. Je ne sais pas si
ça peut marcher. Je ne sais pas si je peux accepter le genre de relation que tu
me proposes. »
Je
ferme les yeux. Je n’ai pas envie de revivre le rêve de la nuit dernière. Je ne
vais pas lui courir après. Je la veux vivante, croquant la vie, heureuse.
J’appuie mon front contre le sien et nous laissons la tension retomber.
J’embrasse son front, je respire son parfum, je plonge le nez dans ses cheveux
et inspire profondément pour mémoriser leur odeur, pour me souvenir d‘elle. Je
veux me souvenir d‘elle.
Finalement
je la lâche et je recule d‘un pas.
« Comme
vous voulez Miss Steele, je vous raccompagne à la réception. » Elle a
donné ses conditions et j’ai donné les miennes. Je ne fais pas dans les
histoires d’amour, et je ne fais pas « plus ». Elle a sans doute
raison, ça ne convient peut être pas pour l’un de nous. Je lui offre ma main.
Je lui demande le ticket du voiturier, elle le cherche dans son sac et me le
tend.
« Merci
pour ce dîner Christian. »
« Ce
fut un plaisir comme toujours Anastasia. » Mon cerveau carbure à fond de
train. Est-ce que je la laisse partir ? Juste ce soir ? Que dois-je faire ?
Putain c’est quoi cette blague ? Je la VEUX et c’est ça l’essentiel. Depuis quand moi,
Christian Grey, je renonce à un défi parce que c’est difficile ? Ce n’est pas
dans ma nature ! Je vais régler ça. Je ne vais pas la laisser me filer entre
les doigts. Les limites peuvent toujours être renégociées.
Elle
lève les yeux et me regarde comme si c’était la dernière fois. Elle me veut,
elle me désire ! On doit essayer, ça doit marcher ! Mon cœur se brise en mille
morceaux ! Je meurs à chaque seconde à l’idée qu’elle est peut être en train de
sortir de ma vie. La pensée de ne plus la posséder, ne plus la voir, ne plus la
sentir et de ne plus l’entendre est un coup de poignard dans mon cœur
ténébreux. Nos regards se croisent, intenses, brûlants.
« Tu
as dit que tu déménages cette semaine à Seattle. Si tu prends la bonne décision
on pourrait se voir dimanche ? dis-je hésitant. C’est la première fois que mon
contrôle se fissure.
« On
verra. Peut être. » Je suis un peu soulagé en réalisant qu’elle garde
l’esprit ouvert. Mais elle frissonne.
« Anastasia
il fait frisquet, tu n’as pas de veste ? »
« Non. »
Je retire la mienne et la pose sur ses épaules.
« Je
ne veux pas que tu sois malade. » Je la vois brièvement fermer les yeux et
inhaler ma veste. Mon cœur bat la chamade. Elle me veut !
Puis
j’ai le choc de ma vie lorsque l’employé lui amène sa voiture. C’est la
coccinelle pourrie de mon rêve ! J’en reste bouche bée de surprise.
« C’est
ta voiture ? » Je suis consterné. Je donne un pourboire au voiturier.
Comme je l’avais fait dans mon rêve je ne peux pas m’empêcher de dire : « C’est
en état de rouler ce tas de ferrailles ? »
« Oui. »
Quelque
chose est différent mais le mauvais pressentiment ne m’a pas quitté.
« Mais
ça peut te ramener saine et sauve ? »
« Bien
sûr. » dit-elle exaspérée. Oh non nous y voilà !
« Je
sais qu’elle est vieille, mais elle est à moi et elle est en état de rouler.
C’est mon beau-père qui me l’a offerte. »
Je
peux facilement arranger ça. Elle n’a pas à rouler dans cette poubelle, c’est
un danger mortel ce truc ! Je me ferais du souci pour elle-même si elle n’était
pas avec moi. « Oh Anastasia, on peut faire mieux que cela. »
« Qu’est-ce
que tu essayes de me dire?, tu ne vas pas m’acheter une voiture, c‘est hors de
question ! » Je la regarde émerveillé. Comme tu me connais mal bébé ! Pour
ça tu ne peux pas te mesurer à moi. Je suis un homme qui n’en fait toujours
qu’à sa tête.
« On
verra. » Je lui ouvre la porte côté conducteur. Elle retire ses
chaussures, il n’y a quasiment pas d’espace la dedans. Ok je vais t’acheter une
voiture ! Ce tas de merde est incapable de rouler. L’angoisse assombrit mes
yeux. Si elle avait signé le document elle ne serait pas en train de partir
dans ce cercueil roulant ! Pour le moment je suis pieds et poings liés
totalement impuissant.
« Sois
prudente. »
« Au revoir Christian. » dit-elle
d’une voix sourde, elle est désespérée.
« Non,
non ! Ce n’est pas mon cauchemar. Ca va aller, tout ira bien. » Je me
parle à moi-même. Elle avait l’air abattue et malheureuse. Je l’ai profondément
dans la peau ! Elle s’est si profondément ancrée en moi que je ne peux pas m’en
défaire ! Putain je suis en train de me faire baiser ! Et je suis
infoutu de réagir. Je passe mes deux mains dans mes cheveux, signe que je suis
doublement exaspéré, en regardant s’éloigner son vieux tas de ferraille.
Je tourne
le dos avec l’envie pressante de me ruer dans ma suite, mais d’abord je me
compose un visage impassible, et lentement je me dirige vers les ascenseurs. Le
souvenir d’elle dans cet ascenseur est encore frais dans ma mémoire. Elle me
défie, elle me prend à mon propre jeu et pourtant… Putain je l’aime infiniment
! Je la veux plus que tout ce que j’ai pu vouloir dans ma vie ! Mais qu’est-ce
que c’est que ce bordel ?
J’entre
dans ma suite et mes pas me portent
directement à mon ordinateur. J’envoie un mail. Je veux savoir pourquoi elle
est partie, pourquoi elle n’a pas voulu de moi alors qu‘elle me désirait,
ardemment !
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De: Christian
Grey
Objet: Ce
soir
Date: 25 Mai 2011 22:02
À: Anastasia
Steele
Je ne comprends pas pourquoi tu t’es enfuie ce soir. J’espère
sincèrement avoir répondu à toutes tes questions. Je sais que ce n’est pas
simple pour toi et que tu as beaucoup à réfléchir, mais j’espère vraiment que
tu prendras sérieusement en considération ma proposition. Je veux ardemment que
ça marche entre nous. Nous irons doucement.
S’il te plait fais-moi confiance.
Christian
Grey CEO, Grey Enterprises Holdings Inc.
_______________________________________________
Je
dois trouver un moyen pour la convaincre. Je n’ai jamais renoncé devant un
défi. Je la veux c’est tout ! C’est un fait que rien ne peut changer. La
question désormais est de savoir à quel point je la veux. Suis-je prêt à
atteindre des extrémités pour elle ? Il n’y a qu’une réponse : « Oui ! ». Elle est
le plus grand désir de ma vie !
Je
sais qu’elle a peur, mais c’est seulement parce qu’elle ignore qu’elle peut
atteindre les sommets du plaisir. Comment la convaincre ? Mon cauchemar est
presque devenu réalité, parce qu’elle a peur de ce que je lui demande et
qu’elle veut plus. La question du Dr Flynn résonne dans ma tête : « Veux-tu
la posséder ? » Ca ne sera pas facile, voire impossible, mais je veux
la posséder. Je veux qu’elle m’appartienne corps et âme comme je lui
appartiens. Mais jusqu’ou suis-je prêt à transiger ?
Et
voilà à nouveau il y a ce mot : « compromis. »
Puis-je
déplacer les limites de mes règles pour elle ? Peut être que je peux essayer.
Pour elle ! Mais qu’est-ce qu’elle me fait ? Je suis en train de balancer
toutes mes règles pour une jeune femme innocente. Mais je l’imagine m‘ayant
quitté et possédé par un autre, dans les bras d’un autre, aimé d’un autre,
baisé par un autre et ça me tue !
Je
fais les cent pas dans ma suite. Je suis hors de moi et sexuellement frustré.
Elle m’a défié, refusé. Les négociations sont en panne. Il va falloir faire de
nouvelles concessions, au moins les négociations ne sont pas rompues. Et tout
ça à cause d’une jeune femme qui n’avait aucune expérience sexuelle et qui
s’est fait dépuceler par qui déjà ? Par votre serviteur ! Elle n’avait pas
de petit copain, je soupçonne aussi qu’elle n’avait pas eu de véritable baiser.
Et elle a ce don inné de m’embrouiller. Moi ! Christian Grey l’homme
auquel les autres se soumettent. Demain la cérémonie de remise des diplômes
sera une étape cruciale. Elle sera obligée de me voir. A moi de me débrouiller
et d’abattre mon jeu.
J’attends
qu’Anastasia me réponde. Je veux être sûr qu’elle est bien rentrée. Je lui
envoie un texto :
* Es tu bien rentrée?*
10
minutes passent, pas de réponse. Je renvoie un texto.
*Appelle
moi*
J’attends,
j’attends. Pas de réponse. Je l’appelle. Elle ne répond pas. Je rappelle. Elle
ne répond toujours pas. Est-ce qu’elle est bien rentrée dans son épave ? Je
suis nerveux. Je n’aurais jamais du la laisser partir. Ou j’aurais du la suivre
pour être sûr qu’elle rentre saine et sauve. Non ! Ca me rappelle mon
cauchemar. Je décide de lui renvoyer un mail :
_______________________________________________
De: Christian Grey
Objet: Ce soir
Date: 25
Mai 2011 23:59
À: Anastasia Steele
Anastasia, Je suis inquiet, es tu
bien rentrée ? Fais moi signe que je sache que tu vas bien.
Christian
Grey CEO, Grey Enterprises Holdings Inc.
_______________________________________________
Je
reste debout encore un moment pour peaufiner le discours que je prononcerai
demain à la cérémonie. J’attends un mail ou un SMS mais je ne reçois rien. Je
l’appelle une dernière fois avant d’aller me coucher; Je suis inquiet. Elle ne
répond pas. Est-ce qu’elle va bien ? Est-elle rentrée et refuse de me répondre ?
Du moment qu’elle est rentrée ce n’est pas grave qu’elle m’ignore. Mon désir
pour elle croit de plus en plus. Je pense à elle en permanence, le jour comme
la nuit. Comment fait-elle pour me déstabiliser autant ? Tu me perturbes Ana !
Je
vais dans ma chambre, me déshabille en ne gardant que mon boxer. Je m’allonge
en regardant le plafond en pensant à Anastasia.
*****
Le photographe est enroulé autour de sa taille comme un tissu
chargé d’électricité statique qui vous colle au corps. A la fois irritant et
inesthétique ! Je plisse les yeux.
« Pourquoi lui Ana ? »
« Parce qu’il est prêt à me donner plus Plus que toi. »
« Elle a besoin d’autre chose que ton fric et tes déviances
sexuelles connard ! » crache le photographe.
Je l’ignore royalement. « Que veux-tu Anastasia ? Dis-moi
! » Je la supplie.
« Plus que ce que tu es prêt à me donner Christian. Plus que
le sexe, plus que la douleur et le plaisir, plus qu’un dominant qui veut me
posséder ! Je veux un petit ami qui m’aime ! »
« Et tu crois que cette sous merde peut t’aimer autant que
moi ? »
Elle écarquille les yeux tandis que lui me fusille du regard, il
se met à hurler:
« Bien sûr que je l’aime tête de nœud ! Qu’as-tu à lui offrir
d’autre que ce que tu as déjà donné? Hmmm qu’est-ce que ça pourrait être ? Mais
c’est bien sûr, une dose concentrée de malheur ! » Je continue de l’ignorer.
Je me tourne vers Anastasia en attrapant son bras, prêt à
l’attirer vers moi.
« Tu ne m’aimes pas Christian ! Tu désires seulement mon
corps. Je ne peux pas me contenter de ça ! »
« Tu veux des cœurs et des fleurs? »
« Oui. Et plus encore, je veux de l’amour… Parce que je
t‘aime ! Mais tu n’es pas prêt à m’aimer. » Sa dernière phrase signe
ma perte. Je lui déclare mon amour en utilisant les mots d’Heathcliff.
« Même s’il t’aimait de toutes les forces de son être il
n’arriverait pas à t’aimer en une vie autant que moi en un seul jour. » dis-je enfiévré. « Personne ne peut
t’aimer autant que moi et surtout pas cette sous merde ! »
« Alors pourquoi tu ne me le montres jamais ? »
dit-elle, ses grands yeux bleus plantés dans les miens.
Je la prends dans mes bras, et nous nous consumons dans un baiser.
Merci merci merci.J'adore votre travail! J'aime beaucoup avoir ce POV de Christian!Encore merci beaucoup et vivement la semaine prochaine!!!!
ReplyDeleteLe POV de Christian est super intéressant, merci pr ce chapitre à la semaine prochaine ;-)
ReplyDeleteThank you for this"alternative" story!
ReplyDeleteEt merci pour la traduction! J'ai fait 3 ans d'interprétariat et je serai ravie de pouvoir apporter ma contribution à ce blog en vous aidant à traduire en français. Faute d'être devenue mon travail, c'est resté une passion que je mets trop peu en pratique. Qui plus est, je vais être immobilisée pour quelques semaine en avril-mai, j'aurai donc tout le loisir de traduire...
A bon entendeuse!
merci merci!
ReplyDeletemarine,
Peux tu me contacter en demandant mon adresse mail à Eminé?
nous pourrons communiquer aisément et voir comment on peut s'organiser.
bzzz