Edité par: Hélène B. et Elisabeth Mazaltov
DEUXIEME RENCONTRE
Me voilà planté comme
un idiot devant le magasin de bricolage. Elle travaille aujourd'hui.
J'inspire profondément et la localise en moins de 30 secondes. Elle est
derrière un comptoir, devant un ordinateur. Elle est absorbée par sa
tâche tout en mangeant un bagel. Elle ôte les miettes sur
ses lèvres en y passant indifféremment sa langue ou son index.
J'ai envie de gober le morceau de bagel qu'elle porte
à sa bouche, m’en saisir directement sur ses lèvres. Elle est
aussi adorable que dans mon souvenir, en fait elle est beaucoup mieux en
jean et en tee shirt. Beaucoup beaucoup mieux...
Elle lève la tête et croise mon regard, sa respiration
s'accélère. Je suis content, elle aussi est troublée en ma présence. Donc elle
n'est pas homosexuelle. Elle est tellement surprise qu'elle en écarquille ses
yeux bleus.
"Melle Steele, quelle agréable
surprise."
Elle examine ma tenue: mon sweat, mes boots de
randonnée, ses yeux s'attardent un peu trop longtemps sur mon jean. J'en
suis ravi.
"Mr Grey", elle essaye de
contrôler sa respiration, son regard est étonné.
"J'étais dans le coin. J'ai besoin de
quelques articles." Ca suffira
en guise d'explication. Elle mordille encore sa lèvre.
Elle rougit.
"Bien sûr Mr Grey," elle commence par bégayer puis dégaine
son sourire commercial et me demande "En quoi puis-je vous aider?"
Je réponds tout sourire "J'ai besoin de
liens de serrage"
Je pourrais te faire bien des choses
avec ces liens." Je plisse les yeux à cette pensée.
Toujours rougissante elle me guide dans le
rayon. Là, elle m'aide à trouver du ruban adhésif et de la corde. Elle me
demande si je refais la décoration. Je souris intérieurement "non bébé,
je ne fais pas de travaux, j'ai des gens qui s'en chargent. Ces articles sont
destinés à faire des choses que tu n'as probablement jamais essayées. Ca
m'éclaterait de te les faire découvrir!
Je la dévisage, elle devient écarlate. Elle
est aussi émue par ma présence que je le suis par la sienne. Je dois lui
demander autre chose pour qu'elle continue à s'occuper de moi.
"Vous travaillez ici depuis
longtemps?"Je connais déjà la réponse : 4 ans à temps partiel. Elle
répond par l'affirmative, les yeux toujours timidement baissés. Elle me
montre deux sortes de ruban adhésif. Je choisis le plus large.
"Il vous faut autre chose Mr
Grey?" demande-t-elle la voix hésitante. Elle est vraiment
émue par ma présence. Je lui réponds d'une voix douce. Elle coupe la corde
avec aisance, je lui demande si elle a été scout en la regardant droit dans les
yeux.
Elle rougit à nouveau, baisse la tête, et réalise qu'elle
frotte nerveusement ses mains l'une contre l'autre.
"Non Mr Grey, les activités de groupe ne sont pas mon truc".
Elle me jette un coup d'oeil furtif sous ses longs cils.
Elle a du mal à se dévoiler, c'est très frustrant.
"C'est quoi exactement votre truc Anastasia?" ma voix
est doucereuse. Elle soupire légèrement. Je crois que je connais
déjà la réponse, Je parie que ce sont les livres.
Elle murmure "les livres", mais son regard passionné
en dit long. Brontë et Jane Austen j'en suis sûr !
"Quel genre de livres?" j'ai l'air intéressé bien
que je connaisse déjà la réponse.
Elle répond à voix basse: "Les classiques Anglais". Je
me dis qu'elle est du style "fleur bleue", le genre qui veut des
fleurs et des cœurs. Est ce mon genre ? Je ne fais pas dans la
dentelle, les fleurs et les cœurs c'est pas mon truc. Je me frotte le
menton en méditant sa réponse. Bon, d'accord, mais si ça marche
on va bien s'amuser. J'aimerais vraiment tenter le coup.
Elle change de sujet en reprenant son ton commercial.
"Vous faut-il autre chose Mr Grey?"
Il faut que j’alimente la conversation. Je suis sous le charme.
Je ne peux pas cesser de la regarder. Tout ce qu'elle fait, mordre sa lèvre,
gigoter, tordre ses doigts, tout me donne envie de la toucher, de lui
attacher les mains, de m'emparer de cette lèvre et de donner une
bonne leçon à sa bouche.
Puis j'entends un type qui l'appelle,
"ANA!" C'est un gars "bon chic bon genre" en
provenance directe d'une université hors de prix. Il se dirige droit
vers elle. C'est son petit ami ? Je frissonne,
j'ai une envie pressante de casser la gueule de ce mec. Bon
sang c'est qui ? Elle s'excuse et va à sa rencontre. J'observe
attentivement. J'ai peut-être fait une erreur en venant ici. Il l'embrasse
et la serre fermement dans ses bras, elle reste immobile. Mon regard est
glacial. Peut être n'y a t'il rien entre eux. Elle revient vers moi en
ramenant le connard.
Son appréhension est palpable : "Mr Grey, je vous présente
Paul. Son frère est le propriétaire de la boutique. Je le connais depuis très
longtemps, mais on ne se voit pas souvent car il est à Princeton où il
fait des études de Management." Je laisse échapper un soupir de
soulagement. Cet enfoiré n'est pas son petit ami mais juste le
frère du proprio. Pendant qu'on se dévisage le connard et
moi, elle poursuit, "Paul je te présente Christian
Grey." En une seconde il réalise qui je suis je le sens à la fois
admiratif et terrifié. Ouais connard, maintenant tu la lâches
et tu te casses!
Il me demande si j'ai besoin de quelque chose.
"Anastasia a fait le nécessaire." Il se décide
finalement à partir. Je ne sais pas pourquoi je ressens un pincement au cœur,
c'est de la jalousie. Je ne suis pas un familier de cette émotion que je
trouve désagréable. Je suis jaloux et possessif
envers elle mais pourquoi? Elle n'est rien pour moi. Enfin, pour le
moment... mais j'aimerais beaucoup que ça change.
"Désirez- vous autre chose Monsieur?"
J'ignore sa question.
"Où en est la rédaction de l'article Anastasia ?"
Elle semble surprise et lève les yeux vers moi. Je ne veux pas qu'elle me plante là, je veux continuer à parler
avec elle.
"Oh Kate...je veux dire Miss Kavanagh, ma
colocataire est en train de l'écrire. Elle est très déçue de n'avoir pas pu
venir pour vous interviewer. Elle aimerait avoir quelques photos de vous."
Voilà qui me donne une occasion de
revoir Anastasia. Mon regard s’illumine.
"Vraiment? Je serai peut être disponible
demain. Je réside ici." Je sors ma carte de crédit et lui tends. Nos mains s'effleurent
brièvement et je ressens encore une décharge électrique qui me coupe le
souffle. Je plisse les paupières. Je lui fais le même effet.
"Vous devez me téléphoner demain matin avant 10 heures ."
Elle est à la fois surprise et
contente car elle me décroche un immense sourire qui illumine
son regard et éclaircit un peu plus le bleu de ses
yeux pâles. Elle a vraiment le plus beau des sourires.
"Oui nous vous téléphonerons. Kate sera
tellement contente ! dit-elle enthousiaste.
Je paie mes achats, elle a les yeux baissés, je
veux bien mourir pour qu'elle me regarde à nouveau. Je deviens débile ! Son
simple contact me remue les tripes ! A nouveau elle lève ses yeux vers
moi et me rend ma carte American Express. Nos regards se
croisent encore. Quand j'ai terminé, j'attrape le sac et me
tourne vers elle, "Oh Anastasia, je suis content que ce soit vous qui
m’ayez interviewé et pas votre colocataire."
Je veux qu'elle sache qu'elle m'intéresse. J'entends sa
respiration rapide, elle partage mes sentiments.
Je quitte le magasin mon objectif en tête. Ca va marcher.
Taylor attend sur
le parking.
“On y va”. Il me
reconduit à l’hôtel Heathman. Je rentre dans ma suite et pose mes achats sur
une chaise. Je me jette dans le travail en espérant qu’elle va téléphoner. Si
elle n’appelle pas je laisserai tomber et je partirai demain.
J’espère
qu’elle va téléphoner.
Je
descends faire un footing pour évacuer le stress. Son sourire ne me
quitte pas. Je cours pendant des heures. Je rentre à l’hôtel et je prends
une douche. Je ne cesse de penser à Anastasia et à ses lèvres. Si elle n’appelle pas, comment
vais-je faire pour la revoir ? J’échafaude
des plans dans ma tête. Quand j’ai un but, je l’atteins, encore
faudrait-il qu’elle accepte. Elle est trop jeune pour ce que j’ai
en tête, et peu expérimentée.
Pourquoi elle n’appelle pas ?
Merde!
Je décide de
répondre à quelques mails au moment même ou mon téléphone sonne. Je ne
reconnais pas le numéro. Putain qui c'est? Je suis de mauvais
poil. Je réponds sèchement:"Grey."
"Hmm...Monsieur
Grey? C'est elle! C'est Anastasia Steele qui parle d'une voix timide
et nerveuse. Mon cœur s'arrête puis s'emballe et je réponds de ma
voix profonde et douce.
"Melle Steele.
Quel plaisir de vous entendre." Je commençais à penser qu'elle n'appellerait
pas. Je suis soulagé. Je l'entends inspirer et expirer profondément, en
cadence. Je suis ravi de lui faire cet effet là. Je souris bêtement. Je
lui dis que je suis à l'hôtel Heathman à Portland. Nous décidons d'y
faire les photos le lendemain à 9h30. "Ok on se voit
demain" dit-elle toute essoufflée et émue. Mes paupières se plissent
et je me sens incapable d'attendre jusqu'à demain. D'un ton charmeur je lui
réponds: "Je suis impatient d'y être Mademoiselle"
Mon subconscient
dit "tu es à moi"
L'attente jusqu'au
lendemain est jalonnée de rêves érotiques d'Anastasia menottée, en
bas de soie, ses yeux bleus languissants. Je murmure son prénom comme une
prière "Anastasia," en écho elle chuchote "Christian".
Le son de sa voix suffit à me faire perdre la tête.
Je me réveille en
sueur, son nom sur mes lèvres. J'ouvre péniblement les yeux et fixe le
plafond. Un autre
prénom pourrait-il me faire le même effet? Janet, Mary, Angie ? Je ne crois pas.
Anastasia.
Ce nom est une caresse sur mes lèvres, il est magique, vivant. Je
suis séduit, ensorcelé, aspiré dans son sillage.
Je me lève et je
descends faire un footing pour passer le temps. A mon retour, je prends une
longue douche puis enfile une chemise blanche dont je laisse le col ouvert. Je
mets un pantalon en flanelle dont la taille basse repose élégamment
sur mes hanches. J'avale rapidement mon petit déjeuner. Je laisse mes
cheveux sécher à l'air libre et se coiffer tout seuls. Elle téléphone pour
m'informer qu'ils sont installés dans une autre suite de l'hôtel pour réaliser
le shooting. Taylor attend près de la porte.
Je pénètre dans la
suite et la cherche aussitôt du regard. La voilà, debout, vêtue d'un jean
taille basse qui épouse parfaitement ses courbes et d'un chemisier
blanc divinement moulant.
Sa respiration
devient plus rapide dès que nos regards se croisent et d'un coup d'œil furtif
elle me reluque de haut en bas.
"Comme on se
retrouve Melle Steele" je lui tends la main et m'empare de la sienne. A
son contact une décharge d'électricité me traverse encore. Je
sais qu'Anastasia la ressent aussi car ses paupières papillonnent
aussitôt. Elle rougit et sa respiration devient irrégulière. Elle retire sa
main avec précipitation et me présente sa colocataire qui, comme je
m'en doutais semble autoritaire, sûre d'elle-même et dominatrice. Comme
moi.
"L'obstinée
Miss Kavanagh ! Comment allez-vous ?" tout en prononçant ces
mots je remercie ma bonne étoile que ce soit Anastasia qui soit venue et non sa
colocataire. Elle est assez jolie, mais elle ne me plait pas du tout.
Puis Anastasia me
présente le photographe. "Voici José Rodriguez, notre photographe."
Elle lui sourit tendrement, il lui sourit aussi le regard possessif... La
moutarde me monte au nez. C'est ce connard là son amoureux?
"Monsieur
Grey," le connard me salue d'un signe de tête.
Je réponds d'un ton
glacial "Monsieur Rodriguez". Je m'assieds et pose sans cesser
de regarder Anastasia . Je dois découvrir si elle sort avec l'un des
deux connards. Ils sont tous les deux possessifs envers elle.
Une demi-heure plus
tard c'est terminé et nous échangeons des amabilités avec Miss Kavanagh. Puis
je me tourne vers Anastasia et demande "Voulez vous marcher avec moi
Melle Steele?"
"Bien
sûr" dit-elle anxieuse alors que sa copine fait une grimace suspicieuse
et que l'enfoiré de photographe commence à faire la gueule. "Petit
ami" résonne dans ma tête. Je dois découvrir la vérité. Je ne suis pas du
genre à partager. Elle doit être à moi.
J'ouvre la porte et
la laisse passer. "Accepteriez-vous de prendre un café avec moi?" Mon
regard est indifférent, je sens que les battements de son coeur
s'accélèrent et son visage rosit. Oui bébé, c'est un rencard. (←Glad you came - by The Wanted)
Elle répond,
navrée, qu'elle doit reconduire toute l'équipe. Oh, Je vais régler ça bébé !
"TAYLOR !"
"Vous raccompagnez
Miss Kavanagh, le photographe et tout l'équipement s'il vous plait."
Je la regarde,
"voilà c'est réglé."
"Oh mais
Taylor n'a pas à faire ça Monsieur Grey. On peut échanger les voitures avec
Kate." Elle retourne dans la suite, discute brièvement avec sa copine et
revient.
"Ok, allons
boire ce café" dit-elle en devenant rouge écarlate. Je souris comme le chat
du Cheshire dans Alice au pays des merveilles. Nous échangeons des banalités en
allant prendre l'ascenseur. Les portes s'ouvrent, à l'intérieur deux amoureux
se dévorent des yeux, indifférents au monde extérieur. Qu'est ce qui se passe avec les ascenseurs? Anastasia est embarrassée.
Je la regarde, son visage timide s'empourpre à nouveau. Je me retiens de
sourire...de justesse. L'ascenseur atteint le premier étage, j'empoigne la
main d'Anastasia et l'entraîne au dehors. On entend le couple pouffer de rire
derrière nous et je marmonne "mais qu'est ce qui se passe avec les
ascenseurs ?"
Nous traversons la
rue, main dans la main, la décharge électrique est constante entre nous.
Nous entrons dans le café, je la laisse choisir la table et lui demande ce
qu'elle désire.
"English breakfast tea en sachet." Cela m'étonne. Donc elle ne prend pas de café, elle explique
qu'elle n'aime pas ça. Je vais commander les boissons et un truc à grignoter.
Je la surprends en train de m'observer à la dérobée. De temps à autre elle mord
ses lèvres. Quand je reviens à notre table, elle baisse les yeux et
regarde ses doigts en rougissant. J'aimerais bien savoir ce qui la fait rougir
comme ça. J'espère que c'est moi.
"Un
sou pour vos pensées ?" Elle devient aussi rouge que le drapeau
Chinois! Je pourrais
t'en faire des choses pour savoir ce que tu penses !
Je pose le plateau
et étend mes jambes sous la table; Je me suis assis en face d'elle afin de
pouvoir contempler son beau visage timide.
D'une
voix doucereuse je lui demande "A quoi pensez-vous ?" elle ne
veut pas répondre.
Puis elle dit : "C'est
mon thé préféré, je l'aime noir et peu infusé". Je n'en peux plus mais je
dois me contenter de cette réponse.
« Je vois … Le
photographe, c'est votre petit ami ? »
Elle s'exclame
"Non, c'est juste un bon copain, il fait presque partie de la
famille"
« Je vois… Et
le gars de la boutique ?" Je vais droit au but.
"Non lui non
plus, je vous l'ai dit hier."
Intérieurement je
pousse un soupir de soulagement.
"Pourquoi me
demandez-vous ça ?"
"Vous êtes
nerveuse avec les hommes." Elle baisse la tête et regarde ses
doigts qu'elle triture en tout sens. Elle rougit encore.
"Je vous
trouve intimidant", elle a fait cet aveu sans réfléchir. J'inspire
profondément, elle se met à rougir jusqu'aux cheveux.
Elle est émue en ma
présence. Cette pensée me plaît et me fait sourire.
"Je suis
intimidant, mais je vous en prie ne baissez pas les yeux. J'aime regarder votre
visage," et embrasser
cette bouche que tu mords. Elle relève la
tête.
"J'aimerais
savoir ce que vous pensez Anastasia, vous êtes très secrète."
Elle semble
déconcertée.
Je lui explique que
lorsqu'elle rougit je sais qu'elle pense à quelque chose mais je ne sais pas à
quoi. Elle me demande si je fais toujours des remarques personnelles. Je ne
pensais pas que c'était le cas. N'a t'elle pas fait des remarques personnelles
me concernant lors de l'interview ?
Je suis stupéfié de
l'entendre me dire que je suis autoritaire. Comme tu as raison bébé !
"J'obtiens
toujours ce que je veux Anastasia... en toutes choses"
Je l'interroge sur
sa famille. Elle me pose des questions sur la mienne, moi ce qui
m'intéresse c'est de la connaître elle, mais elle ne révèle pas grand chose. Je
lui raconte que ma sœur Mia est à Paris. "C'est une ville magnifique"
dit-elle avec envie. Je lui confirme que c'est très beau et j'en profite pour
lui demander si elle y est déjà allée."
Elle n'a jamais
quitté le pays.
Je lui demande si
elle aimerait s'y rendre, "A Paris ? Bien sûr, mais c'est
l'Angleterre que je voudrais vraiment visiter." Je parie que je
devine pourquoi.
Mon index caresse
ma lèvre inférieure. Elle semble sur le point d'arrêter de respirer.
"Pourquoi ?" ma
voix est câline.
"Austen, Brontë,
Shakespeare, Hardy. J'aimerais voir les endroits qui ont inspirés mes auteurs
favoris. Des cœurs et
des fleurs comme je m'en doutais ! Elle
consulte sa montre. Elle voudrait rentrer pour travailler ses examens. Je lui
propose de l'accompagner jusqu'à la voiture de Miss Kavanagh. Elle me remercie
pour le thé. Oh mais tout
le plaisir était pour moi, je souris. Je lui
tends ma main et elle s'en saisit automatiquement. Une fois encore le courant
passe entre nous.
Nous nous dirigeons
vers l'hôtel chacun perdu dans ses pensées. Je trouve que son cul est
terrible dans ce jean. Je lui demande, "Portez-vous toujours des
jeans?"
"Oui, la
plupart du temps."Ca lui va bien, très très bien.
Alors que
nous approchons du parking elle laisse échapper:" vous avez une
petite amie ?" Elle rougit immédiatement. Je crois qu'elle a pensé
tout haut. Je souris en biais et réponds doucement : "Non Anastasia, je ne
suis pas du genre à avoir une petite amie."
Elle est
embarrassée, bien sûr, mais ne dit pas un mot. La déception se lit sur
son visage. Elle accélère, tête baissée en avant, essayant de lâcher
ma main. Brusquement, un cycliste surgit de nul part et manque de la heurter,
j'ai juste le temps de tirer violemment sur sa main pour plaquer son corps
contre le mien. Je crie "Merde Ana !" Le cycliste a déjà
disparu. Ses cheveux et sa peau exhalent de douces effluves. Je
remarque qu'elle inhale mon odeur comme pour s'en empreigner. . Je ferme
les yeux et murmure à son oreille "Ca va ?". Je l'enlace d'une
main tout en caressant son visage de l'autre pour m'assurer qu'il est intact.
Je caresse sa lèvre inférieure avec mon pouce, un frisson me parcourt le
corps. Elle cesse de respirer. Nous nous regardons, elle m'observe
attentivement, son regard et son corps disent "embrasse-moi."
Elle est charmante,
et je lutte intérieurement contre mon envie de la serrer d'avantage et de
l'embrasser. Je ferme les yeux, quand je les rouvre je suis déterminé. Elle est
trop jeune, trop innocente, trop adorable. Elle n'est faite pas pour mon monde.
Je murmure
"Vous devriez m'éviter Anastasia. Je ne suis pas l'homme
qu'il vous faut." Elle a l'air complètement sonné. Je préfère qu'elle
pense que je la rejette sinon je vais lui faire du mal.
"Respirez
Anastasia, d'accord ? Je vais vous lâcher" La déception et la peine se
lisent sur son visage. Elle ouvre ses yeux bleus aussi largement que possible comme pour
retenir les larmes qui tentent de s'échapper.
"J'ai compris,
merci Monsieur Grey."
"Pourquoi ?"
Elle répond les
larmes au bord des yeux: "Pour m'avoir sauvée".
Je suis en rage
après ce crétin de cycliste qui l'a presque renversée. "C'était la faute
de cet imbécile pas la vôtre ! Voulez vous allez vous asseoir dans l'hôtel ?"
"Je vais bien"
me dit-elle la voix brisée. "Merci d'avoir fait les photos," elle
essaye désespérément de ne pas pleurer. Je me bats avec des émotions inconnues.
Je suis sur le point de lui avouer que je suis un putain de salopard, et que ce
qu'elle voudrait faire avec moi la rendrait malheureuse. C'est une fille
du genre "des fleurs et des cœurs" et les 50
nuances de folie de Christian Grey ne font pas dans la romance.
"Anastasia...
Je ..." Une bataille intérieure se joue en moi, je balance entre mon
désir pour elle et le désir de ne pas lui faire de mal. Je
suis tiraillé. Voir de la tristesse sur son visage m'est insupportable.
"Quoi
Christian ?" Sa voix est suppliante. Non, je ne peux pas lui faire ça. Je
respire un grand coup et dit, "Bonne chance pour vos examens. "Merci !"
Elle est sur le point d'éclater en sanglots. Elle s'éloigne. La dernière chose
que je vois c'est sa main qui repousse les larmes coulant sur son visage.
Je voudrais me
botter le cul.
"Merde ! Merde !
Merde !
Je me dirige vers
l'hôtel. Je dois cogner sur quelque chose ou sur quelqu'un... Je
suis parcouru par des émotions que je ne connais pas. Je ne peux cesser de
penser à elle. Son regard... Sa peine... Bordel ! Tout est de ma faute... Je ne
fais pas les trucs des amoureux et elle n'est pas le genre de fille à faire ce
dont j'ai envie ! Je suis une putain d'énigme, j'ai un désir et une
attirance pour elle et je ne veux pas lui faire de mal. Elle sera blessée. Elle
est trop innocente. Ca ne marchera pas avec elle! La bataille fait rage dans ma
tête. Comment puis-je savoir que ça ne marchera pas si je n'essaye pas ?
Putain! Je vais me
donner encore un jour. Voir si je peux sortir ce désir de ma tête. Merde ! J'appelle
Claude Bastille et je lui demande de ramener ses fesses à Portland. J'ai
sérieusement besoin de me dépenser.
Demain. Je me donne
jusqu'à demain.
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